24 mai 2008

La famille de Montmorency-Morres. 1ère partie.

MONTMORENCY-MORRES (DE). Plus la famille de Montmorency est illustre dans l’Histoire de France et dans celle de toute la chrétienté, plus il est intéressant d’en voir étendre les branches sur les diverses parties du globe ; et si la France s’honore de posséder la souche de cette auguste maison, l’Angleterre veut aussi qu’il ne reste pas inconnu qu’elle en retient dans son sein un des rameaux les plus distingués.

Le savant M. Lodge, qui peut à juste titre passer pour le Duchesne de l’Angleterre, avait entrepris de publier la généalogie de la branche de Montmorency établie en Irlande, lorsque la mort l’enleva aux lettres et à son pays. Cette branche de Montmorency, existante en Irlande depuis plusieurs siècles, y est connue sous le nom de Montmorency-Morres (*) ou de Marisco. Elle y jouit des honneurs les plus distingués, et s’y trouve dans un rang aussi élevé que celui où peuvent briller en France les Montmorency.
(*) Les historiens les plus estimés attestent que, durant l’empire des Romains dans les Gaules, la ville de Montmorency était nommée Morantiacus, nom qui se rencontre encore dans divers chartes et monumens du tems.
Duchesne ajoute que la négligence des Gaulois, qui ne rédigeaient rien par écrit, a rendu douteuses la plupart des vraies origines ; et pour appuyer l’étymologie de Montmorency, anciennement Morantiacus ou Moranciacus, il cite une charte qui se trouve au cartulaire de l’abbaye de Saint-Denys, sous la date de l’an 843, laquelle a pour titre : Praeceptum de MAURENCIACO : autrement, Confirmation de Charles le Chauve, roi, de la donation faite par Leuthon, à l’abbaye de S.-Denys, du village appelé MAURINCIACI-CURTIS situé au territoire de Camly, sur la rivière d’Oise. Ce nom de Maurinciaci-curtis veut dire la cour ou ancienne demeure de Maurinciagus ou Mauritasgus, prince ou chef d’une contrée voisine des Parisiens, au tems de César.
Et comme il est certain, continue toujours le même auteur, u que les premiers noms gaulois ont été diversement corrompus et altérés par les langues romaine, française et autres, et celui de Mauritasgus, par succession de tems, aura formé Mauriciaugus, Maurinciagus, Morinciacus, Morenciacus, Moranciacus, Moriniacus ; et, par abrégé, Morantius, Maurentius, Maurinus, Mauriscus), Moriacus, et autres semblables, usités pour désigner, tant la ville de Montmorency située au Parisis, que le village de Morancy, assis sur la rivière d’Oise, au diocèse de Beauvais : Edition in-fol, de 1624, liv. i, ii, le même auteur, pour prouver la vérité de son assertion, cite divers noms de villes ainsi corrompus, et que l’on rencontre encore de nos jours dans tous les ouvrages anciens.
Le chevalier Guillaume Betham (c’est le d’Hozier de l’Angleterre), roi d’armes d’Irlande, et conservateur des registres généalogiques du royaume, homme savant et des plus honorés, s’est occupé à établir, d’une manière authentique et pleine d’érudition, la généalogie de cette maison, et après avoir réfuté les erreurs de Playfair, et suppléé aux omissions de Duchesne, il établit ses filiations sur des titres incontestables, et sur des matériaux et des monumens avoués et reconnus par l’Histoire. C’est lui qui nous servira de guide dans le précis que nous allons en transmettre au public.
  1. Bouchard Ier, seigneur de Montmorency, chef général de l’armée navale que Charlemagne envoya en Italie Contre les Maures et les Sarrasins. Ce Bouchard était en outre chef des armées de terre, ce qui correspondait alors à la dignité de connétable, car on le vit constamment accompagner Charlemagne dans ses guerres, et nommément dans celle qu’il fit aux Espagnols. Bouchard apporta de Gironne le corps de S.-Félix, martyr, et en fit prisent à l’église catholique de S.-Martin de Montmorency, fondée par ses aïeux. Il souscrivit avec les grands seigneurs de France, la plupart des chartes de son tems. Il avait épousé Ildegarde ; de ce mariage vinrent :
    1. Bouchard II, dit le Barbu, dont l’article viendra :
    2. Thibault, dit Fille-Etoupe, souche des branches de Bray, de Montlhéri, et des comtes de Rochefort, seigneurs de Gometh, de Gournay et de Crécy,
    3. Albéric.

  2. Bouchard II, dit le Barbu, seigneur de MONTMORENCY, un des seigneurs les plus considérables de France sous le règne de Robert Ier, fils du roi Hugues Capet. Il eut un différend avec l’abbé de S.-Denis, au sujet d’une forteresse nommée Château-basset, lequel fut jugé en 998, par le roi et les barons de son conseil. Depuis il suivit le roi Robert Ier au siège d’Avalon en Bourgogne, et souscrivit la charte que ce monarque fit expédier dans le camp, en faveur de S.-Bénigne de Dijon, le 25 août 1005. Il avait épousé N...., veuve de Hugues Basset, chevalier, laquelle lui avait porté en dot la forteresse de Château-Basset, dont on vient de parler ; de ce mariage sont issus :
    1. Bouchard III, dont l’article viendra :
    2. Eudes, vicomte de Meulan.
    3. Albéric, connétable de France, qui a forma une branche qui s’éteignit à la troisième génération.
    4. Foucaud, de qui sont issus les seigneurs de Banterlu.

  3. Bouchard III, seigneur de MONTMORENCY, signa en 1028, avec Eudes II, comte de Champagne ; Guillaume VI du nom, comte d’Auvergne, Fouques III, comte d’Anjou, et plusieurs autres seigneurs du royaume, la charte par laquelle le roi Robert confirma les donations faites à l’abbaye de Notre-Dame de Colombs, près Nogent-le-Roi, au diocèse de Chartre, tant par Royer, évêque de Beauvais, que par Odolric, évêque d’Orléans, son neveu ; l’année suivante il fut présent lorsque le roi confirma les dons faits aux chanoines de l’église de Notre-Dame de Chartres, par le comte Manassés. Il mourut, selon Duchesne, en 1042, il fut père de :
    1. Thibault, connétable de France, mort sans enfans en I090 ; il possédait des biens en Angleterre.
    2. Hervé, sire de Marly, grand bouteiller de France, dont l’article viendra
    3. Geoffroy, souche des comtes de Gisors.
    4. N***, dame d’Ainseville, se fit religieuse.

  4. Hervé de MONTMORENCY, 1er du nom, seigneur d’Ecouen, de Marly et de Deuil, grand-bouteiller de France, autorise de son seing en cette qualité deux chartes données aux églises de S.-Pierre d’Abbeville et de S.-Quentin, en 1075 et 1079. Ce prince possédait de grands biens en Angleterre, parmi lesquels on distingue les seigneuries de Bury en Suffolk, de Thorney, Petchaga, Assefeld, Deneford, Wikeham, Suton, Benetleia, Rodan, Stanvinton, Stow, etc ; d’un château à Norwich, de Bereu et Turvert, in Lincoln, etc. dit, Herveus Bituricensis, id est, de Bury, château où il faisait sa principale résidence lorsqu’il était en Angleterre. Il mourut en France en 1094. Il avait épousé Agnès, ou Alveva ; de laquelle il laissa :
    1. Bouchard IV, sire de Montmorency, de qui descend la maison de Montmorency en France ; il avait aussi des possessions en Angleterre.
    2. Geoffroi de Montmorency, tige des sires de Montmorency-Morres, et dont l’article va suivre
    3. Hervé de Deuil, de qui on ne trouve que le nom.
    4. Albéric, dit le comte Albéric, qui, sous les règnes d’Edouard le confesseur et de Guillaume le conquérant, possédait des biens immenses en Angleterre ; mais Guillaume le conquérant les reprit dans la suite, pour punir Albéric d’être retourné en France. Il a laissé deux fils, Gauthier et Honfroi, morts tous les deux sans enfans.
    5. Havoise, épouse de Névélon, seigneur de Pierrefons.

  5. Geoffroi de Montmorency, premier du nom, qualifié fils de Hervé dans tous les monumens historiques, établit sa résidence en Angleterre ; ii est qualifié seigneur de Thorney, de Marisco en Ely (*), de Huntspil en Somerset, etc.
    (*) Il est bon d’observer que la maison de Marisco ou Morres n’a aucun rapport avec celles de Morris, Morice ou Maurice, quoique ces dernières soient très respectables, et tirent leur origine des anciens princes du pays de Galles, et d’autres souches illustres, tant en Angleterre qu’en Irlande.
    Il fut élevé dans ce royaume à la dignité de chambellan du roi et de la reine Mathilde ; nommé chef de l’oste, ce qui correspond à celle de général de l’armée, et mourut en 1140. Il avait épousé N...., dame de Huntspil, fille et héritière de Gautier, châtelain de Douai, seigneur de Huntspil, de Bridgewalter, etc., en Angleterre, grand favori du roi Guillaume I, de laquelle il eut :
    1. Hervé de Montemorentino (Montmorency), sire de Marisco, inscrivit, en 1120, une charte d’Adelaïde de Clermont-Beauvoisis, aux moines de l’abbaye d’Acre, en Angleterre. Il épousa, 1.° Agnès d’Eu, qui lui porta ses prétentions au comté de Soissons. 2.° Adelaïde de Clermont, de laquelle nous venons de parler, et qui était alors veuve de Gilbert, comte de Clare ; il eut pour enfans a. Guillaume, mort sans alliance, après avoir donné aux monastères ses grands biens. b. Hervé, lord-chambellan du roi Henri II, mort en 1 183, sans progéniture.
    2. Bouchard de Montmorency, seigneur de Hamton, père de Guillaume, mort sans alliance.
    3. Robert, son successeur, qui suit :
Source : Nobiliaire Universel de France, Tome I, page 70
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/document?O=N036861

1 commentaire:

Gilles Dubois a dit…

A propos de Château-Basset :

D'après l'Art de vérifier les dates des faits historiques

Bouchard II fils aîné de Bouchard I et son successeur en la baronnie de Montmorenci ne commence à paraître dans l'histoire qu’au commencement du règne du roi Robert II avait alors épousé la veuve de Hugues Basseth dame d'une forteresse nommée Château-Basset située dans une île de la Seine près de l'abbaye de Saint Denis dont elle relevait.