28 septembre 2012

Une mésaventure de Jane Margyl

Jane Margyl
Je viens de trouver par hasard un article du journal GIL BLAS du samedi 30 décembre 1899 qui raconte une mésaventure arrivée à Jane Margyl et ses deux sœurs de la famille Floriet dont il a été souvent question dans ce blog.

L'article peut-être trouvé sur Gallica à l'adresse suivante :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75352651/f1.image

Il est à noter que la revue Gil Blas contient beaucoup d'article sur Jane Margyl, sa sœur Blanche d'Argy (Blanche Floriet).

LA VIE PARISIENNE

Chez Mlle Jeanne Margyl

On sait qu'il vient d'en arriver une bien bonne à Mlle Jeanne Margyl, la jolie et si élégante Parisienne qui fit courir dans ces deux dernières années tout Paris aux Folies-Bergère.

Les journaux ont raconté cet incident en détail, mais n'était-il pas intéressant de recueillirde la bouche même de la délicieuse artiste, qui est aussi une fine causeuse, le récit de la mésaventure qui lui est arrivée il y a trois jours?

C'est à la porte du bois de Boulogne qu’habite Mlle Margyl. Une coquette villa de deux étages devant lesquels se trouve un jardinet bien garni de verdure malgré la saison et qui donne une note agréable à cette habitation.

Nous sommes introduit dans un salon tout à fait smart et d'un véritable cachet artistique.

On sent dans cet arrangement le goût exquis d'une Parisienne élégante.

Presque aussitôt, le rideau du salon se lève et Mlle Margyl apparaît avec son plus joli sourire.

Vêtue d'un peignoir de soie blanche qui lui va à ravir, elle ne paraît nullement émue de sa mésaventure et en rit volontiers maintenant.

« Les journaux, nous dit-elle, ne l'ont pas bien racontée. D'abord personne n'a dit que j'étais avec mes deux sœurs. Nous venions d'aller choisir des étoffes dans un magasin Je la rue de la Paix et nous rentrions chez moi, dans mon coupé, quand au coin de la rue Volney, une de mes sœurs poussa un cri. Nous nous retournâmes de son côté et pendant ce temps nous eûmes l'impression désagréable de voir un bras entrer vivement dans la voiture par la portière de droite et en ressortir encore plus vite. Ah ! à ce moment là, je vous' assure que je ne riais pas, et mes sœurs, devenues toutes pâles, se serraient contre moi. Nous n'avions même pas pu distinguer la physionomie du voleur, tant nous étions émotionnées. Il est vrai qu'une fois grimpa sur le marchepied, il se tint les jambes pliées et on ne pouvait pas l'apercevoir de l'intérieur de la voiture.  Vous savez le reste. Quelques mètres plus loin, nous avons fait arrêter la voiture et nous sommes retournées à pied à l'endroit où le vol avait eu lieu. Il y avait là un rassemblement, au milieu duquel se trouvait mon pickpocket tenu solidement par les passants qui l'avaient arrêté. »

« Wharan, c'est le nom de l'individu en question, avait jeté mon sac et mon porte-monnaie sur la chaussée quand il vit qu'il était pris. J'eus alors la chance que ce soit un passant et non un agent de police qui ait ramassé ces deux objets, car le secrétaire du commissariat de la rue Gaillon eut le toupet de m'avouer que si l'un de ses gardiens de la paix les avait trouvés, il m'aurait fallu faire un grand nombre de démarches pour rentrer en possession de mon argent et de mes bijoux. Ne trouvez-vous pas cela extraordinaire ? »

Mlle Jeanne Margyl s'est vite consolée, on le voit, de sa mésaventure. « Ouf ! a-t-elle dit avec satisfaction quand elle a appris que Wharan avait été condamné à trois ans de prison par la dixième chambre correctionnelle.

— Allons, nous dit-elle, puisque me voilà tranquille, ne parlons plus de cette vilaine affaire. Si vous voulez une nouvelle intéressante, je vais vous en donner une.

— Mais comment donc, ne vous gênez pas !

— Eh bien, je quitte la pantomime.

— Pas possible ! Vous aviez tant de succès dans Phryné, dans l’enlèvement des Sabines et dans la princesse au Sabbat de Jean Lorrain ?

— Oui, c'est vrai, mais j'ai mieux à faire que de mimer des rôles et je viens de refuser un magnifique engagement à l'Empire de Londres, où l'on voulait me faire jouer le principal rôle d'une grande pantomime.

— Ne remonterez-vous jamais sur une scène?

— Si, mais de meilleures conditions. J'ai une très belle voix que je n'avais jamais travaillée.

Or, depuis plusieurs mois j'apprends les principaux rôles interprétés par Mme Sybil Sanderson, et j'ai reçu de mon éminent professeur M. Fugère, l'assurance que j'entrerai l'année prochaine à l'Opéra-comique.

Tout-Paris ira donc entendre et applaudir la ravissante Jeanne Margyl le soir de ce début sensationnel. En attendant, la future cantatrice va aller prochainement passer un mois à Nice pour se reposer.

Souhaitons à cette charmante et aimable parisienne le succès qu'elle mérite pour la tentative artistique qu'elle va entreprendre. Dans tous tes cas, elle peut être assurée à l'avance que sa beauté magistrale lui vaudra bien des indulgences de la part des abonnés de l'Opéra-comique. D'ailleurs, à Paris, où l'on est galant, une jolie femme n'a-t-elle pas toujours gain de cause ?

SANTIL LANE

[Album Reutlinger de portraits divers, vol. 6] : [photographie positive]
[Album Reutlinger de portraits divers, vol. 6] : [photographie positive]
Source: gallica.bnf.fr


[Album Reutlinger de portraits divers, vol. 6] : [photographie positive]
[Album Reutlinger de portraits divers, vol. 6] : [photographie positive]
Source: gallica.bnf.fr

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