21 janvier 2006

Documents provençaux par le baron du Roure

Annuaire du conseil héraldique de France
1889 - page 168
Gallica/BnF : http://gallica.bnf.fr/document?O=N036884
Les archives et la bibliothèque d'Arles renferment un assez grand nombre de documents originaux relatifs aux familles Provençales. Ces titres sont malheureusement peu connus, à cause du manque d'inventaire et de l'état incomplet des catalogues.

Nous devons à l'obligeance de M. Dayre, l'érudit archiviste bibliothécaire, d'avoir pu faire quelques recherches, dont voici un court résumé.

Dans le fonds de l'Ordre de Malte, il reste plusieurs volumes de titres originaux, qui fourniraient de précieux renseignements sur l'origine d'anciennes familles féodales de Provence et de Languedoc. Nous ne pouvons donner ici l'analyse de toutes ces pièces. Signalons pourtant parmi les plus intéressantes :

VILLENEUVE : Vente faite le des calendes d'avril 1189 par Raimond de Villeneuve et sa femme Raimonde à la maison du Temple de Saint-Gilles.

CAYLAR et SABRAN : En 1155, Rainon du Caylar conjointement avec Béatrix sa femme, Roscie sa fille et le mari de celle-ci, et Rainon son fils abandonnent le château de Saint-Maurice, avec toutes ses dépendances, à Pierre de Vezenobre, en récompense de tous les services qu'il leur a rendus, et le garantissent contre toute éviction de la part d'Alazaïs de Porcellet et des siens. Raimond Gaucelin de Lunel, Bernard d'Anduze, Guillaume de Sauve sont témoins de cet acte. Rostang de Sabran et Roscie sa femme figurent dans un acte de 1179 le premier était décédé avant le mois de novembre 1183. Sa veuve paraît encore en août 1186 avec Rainon et Elzéar ses fils, et se dit fille de feu Rainon du Caylar ; le dernier acte où nous la trouvons est de la veille des calendes d'avril 1190 ; elle était décédée avant le mois de novembre 1198, comme on le voit dans un acte de vente passé par Elzéar du Caylar, où il se dit fils de feue Roscie d'Uzès. Nous croyons Rainon l'aîné des enfants de Rostang de Sabran et de Roscie d'Uzès, car il est toujours nommé le premier dans les actes où il se trouve avec son frère Théar. Celui-ci vendit diverses propriétés aux Hospitaliers de Saint-Gilles, le XIII des calendes de juin 1202. Guillemette sa femme confirma la vente de ces terres, qui semblent avoir fait partie de sa dot ; le nom de la femme d'Elzéar de Sabran ne nous parait avoir été signalé jusqu'ici.

Le cadre restreint de ce résumé ne nous permet pas de nous étendre davantage sur cette famille ; mais, à cause de son importance et du grand rôle qu'elle a joué en Provence, nous avons voulu faire connaître quelques-uns des actes originaux qui établissent les premiers degrés de sa filiation. Remarquons pour terminer que, jusqu'au commencement du XIIIe siècle, les descendants de Rostang de Sabran portaient le nom de « CAYLAR. ».

UZÈS : Vente par Bertrand d'Uzès et Marie sa soeur, héritiers de Raimonde, fille de feu leur frère Raimond d'Uzès, et Guillaume Castellanus, époux de la susdite Marie, en faveur de la maison du Temple de Saint-Gilles, d'un droit féodal qui avait appartenu à feu Pierre du Caylar, ayeul de la susdite Raimonde ; novembre 1198. Rostang, seigneur de Posquières, était en procès, le VII des ides de décembre 1196, avec les Templiers, au sujet de la terre de Générac, que feu son père Elzéar avait vendue « inconsulto » à la maison du Temple de Saint-Gilles. (Ce qui prouve qu'Elzéar d'Uzès ne vivait plus en 1208, comme prétend M. Charvet, d'après Ménard et le marquis d'Aubais, dans sa notice sur la première maison d'Uzès. Mais Elzéar vivait encore en mars 1186.). Le même Rostang fait une autre vente le IV des nones de mars 1202 (v. st.)

Nous pourrions, d'après les actes que renferment ces cartulaires, établir, comme pour les Sabran, quelques degrés généalogiques des maisons de Bernis, de Pierre et de Privat aux XIIe et XIIIe siècles, mais comme ces familles n'ont guère de rapport avec la Provence, nous ne nous y étendrons pas davantage.

Signalons encore une donation d'Ildefonse, comte de Toulouse en 1234, et une autre de Bernard Aton, vicomte de Nîmes en 1151 ; divers actes des familles : Hugolen en 1191 et 1192 ; la Vérune en 1181 ; Isnard en 1165, 1168, 1171, 1174, 1178 ; et de nombreux documents sur la famille de Porcellet, à la fin du XIIe et au commencement du XIIIe siècles.

Dans un précieux recueil de chartes conservées par M. Véran, savant paléographe, notaire à Arles au moment de la révolution, il y a plusieurs pièces provenant des archives de l'ancienne abbaye Saint Pierre de Montmajour. Les vicomtes de Marseille figurent dans plusieurs de ces chartes comme bienfaiteurs du monastère. La plus importante, du II des ides d'août 1040, précise clairement l'origine de cette illustre famille princière, issue d'Arlulfe, seigneur de Trets, qui a pris au XIIe siècle le nom d'Agoult et s'est perpétuée jusqu'au XVIIIe siècle. On y trouve encore une charte de donation faite par Bermond d'Uzès, le V des cal. de janvier 1194, à la maison du Temple de Saint Gilles, et dans laquelle paraissent ses oncles de Nîmes et l'abbé de Saint-Thibéry, avec ses frères Pierre, abbé de Psalmodi, Elzéar, Raimond Rascas et Ramier ; c'est peut-être un des seuls titres encore existants, qui donne autant de détails sur l'état de cette famille à la fin du XIIe siècle ; il est vidimé en 1214 et scellé du sceau en cire de Bermond d'Uzès, représentant un château crénelé, donjonné d'une tour.

PONTEVÈS : Contrat de mariage de Marguerite, fille de magnifique seigneur Bermond de Pontevès, seigneur de Bargême, avec Antoine Buis ou: de Bus (Buxi), seigneur du Baron ; 1467 janvier 7 (v. st.). Sébastien Bérard, not. à Barcelonnette, et Pierre Fabre, not. à Bargemon. Ch. orig, parchemin latin.

Outre son cartulaire, M. Véran, dont nous venons de parler, a laissé de nombreux documents sur les familles d'Arles et des environs, puisés dans les minutes des anciens notaires, qu'il avait dans son étude. L'analyse de ces actes remplit trois forts volumes et de nombreux cartons, source inépuisable de renseignements, dont les originaux, maintenant dispersés ou perdus, sont bien difficiles à rechercher et à consulter. Mais les résumés de M. Véran, historien des plus savants et des plus consciencieux, sont faits avec tant de soin et d'exactitude qu'ils méritent entière confiance. Les annales d'Arles qu'il a écrites pourraient servir de base à une histoire de cette ville, et il faut espérer que cette entreprise tentera quelqu'un de nos savants Provençaux. Ces annales rentrent dans le cadre de cette notice, à cause des très nombreuses armoiries des consuls qui y sont représentées et que l'on chercherait vainement ailleurs.

Avant de quitter la salle des archives, nous croyons devoir dire quelques mots de l'Histoire de l'abbaye de Montmajour par D. Chantelou, et qui semble être le manuscrit original de cet ouvrage important, dont la Bibliothèque Nationale possède une copie moderne. L'auteur s'est occupé surtout de la période du moyen âge; il a reproduit un grand nombre de chartes qu'il avait à sa disposition dans les archives du monastère, et offrant un très haut intérêt, l'abbaye, à cause de ses vastes possessions, ayant été en rapport avec les plus grands seigneurs du pays.

La bibliothèque de la ville renferme de très intéressants ouvrages généalogiques manuscrits et inédits. M. l'abbé Bonnement avait rassemblé, au moment de la révolution, une foule de titres et de renseignements concernant les familles de la Provence, dont la plupart ont été heureusement retrouvés. Ne pouvant analyser en détail cette nombreuse collection généalogique, nous ne donnerons que le titre des principaux ouvrages concernant les maisons : Antonelle, Avignon, de Malijay, Constantin, Faucher, Montfort, Nicolay, Peint, Roy de Vaquières.

Le volume intitulé « Miscellanées » contient: un supplément à l'histoire de Montmajour, complétant les documents de D. Chantelou ; les mémoires d'Antoine Puget, seigneur de Saint Marc (1561) ; l'histoire et la chronologie du monastère de Saint-Césaire par le P. Fabre, qui donne quelques renseignements généalogiques sur les familles des religieuses de l'abbaye ; l'inventaire des titres concernant l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem lorsqu'il était en Syrie (1107-1285).

Dans le recueil: « Provence », on voit une transaction du 5 août 1391 entre le lieutenant du Pape et magnifique Giraud Adhémar, seigneur de Grignan, Guy et Yves Adhémar, ses frères ; on y trouve aussi des notes intéressantes sur les familles de Provence d'origine judaïque, qui complètent, en les confirmant, les documents que Barcilon de Mauvans a mis à la suite de sa « Critique du Nobiliaire de Provence » ; et encore : Manifeste et déclaration de la Noblesse de Provence concernant les causes qui l'ont mené de prendre les armes contre le sieur d'Espernon, par de Castellane-Bezaudun. Cf. Lelong, no 9669.

La bibliothèque possède encore une très intéressante généalogie de la famille Albe de Roquemartine, avec blason enluminé; les titres originaux de noblesse de la famille Antonelle, dont le dernier représentant a joué un certain rôle pendant la Convention ; ainsi que deux armoriaux avec blasons en couleur d'un grand nombre de familles d'Arles et des environs ces deux derniers volumes complètent une suite de planches d'armoiries qui se trouvent au-dessus des armoires dans la salle des archives.

Signalons enfin, pour terminer, deux volumes de la plus grande importance, dû aux recherches de l'abbé Bonnement, et qui sous le titre « Noblesse d'Arles » renferment l'analyse de très nombreux actes concernant les familles d'Arles.

BARON DU ROURE.

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