Procès verbaux - Commission municipale du Vieux Paris
Source: Bibliothèque nationale de France
Maison rue du Regard n° 19. Jardin et clos du couvent des Carmes, puis maison du littérateur Jean-Louis Soulavie. — Ici se trouvait le dernier terrain appartenant aux Carmes, à gauche de la rue du Regard et à l'encoignure de celle de Vaugirard. Un document le qualifie : « jardin ou clos d'un arpent, sis au bout de notre jardin, dit le Petit bois, aboutissant le long de la rue de Vaugirard et sur la rue du Regard, acquis le 25 juin 1692, au prix de 530 livres » (1)
Au commencement du XVIIIe siècle, jusqu'en 1721, ce jardin était loue à François Brunot, écuyer, conseiller du roi, déjà locataire des Carmes pour l'hôtel voisin, rue du Regard, 17.
Cette encoignure des deux rues, fut régularisée par l’ordonnance des Trésoriers de France, du 19 mars 1741, donnant alignement des murs de clôture. Ladite encoignure devait être établie à 4 toises 5 pieds et demi de distante de la maison opposée où était un bureau d'entrée, et devait comporter Un pan coupé de 21 pouces de face, à la charge de faire mettre « une table de pierre de lierre (sic) d'un pouce et demi d'épaisseur à chaque coin de la dite encoignure portant inscription du nom des rues qu'elle forme et les numéros marqués du même quartier ». Lés religieux étaient autorisés à faire reconstruire 15 toises du mur de clôture sur la rue du Regard, et la totalité dudit mur sur la rue de Vaugirard jusqu'à celui de leur jardin (2).
Dans l'état des revenus, charges, dettes du couvent des Carmes, du 29 avril 1775, le terrain dont il s'agit est indiqué comme loué au sieur Gingant, pour la somme annuelle de 500 livres (3).
Dans l'assemblée capitulaire du 19 juin 1778 ledit terrain était loué par bail à vie aux sieur et dame Trusson, lui, maître charron, sur sa tête et celle de son épouse, avec neuf années de jouissance à leurs ayants cause après le décès des deux. Les religieux s'engageaient à construire à leurs frais : « un mur de terrasse entre le dit terrain et le jardin de la maison voisine où demeure actuellement Madame veuve Mac Mahon, marquise d'Equilly, et ce pour soutenir l'exhaussement des terres qu'il faudra mettre sur le dit terrain pour être au niveau des deux rues. »
(1) Archives nationales. II. 3930.Le dit Trusson était autorisé à établir sur ledit terrain les constructions qu'il jugerait à propos, sans qu'il puisse gêner l'usage d'un petit bâtiment appartenant aux Carmes, appelé la Cendrière, situé au coin du jardin. II lui était interdit, dans les constructions à faire, de prendre des jours sur le jardin des religieux, sauf des jours de souffrance; les dites constructions devant rester la propriété du couvent après la mort des deux usufruitiers, mais être laissées à la disposition de leurs ayants cause durant la jouissance des neuf années. Il était également interdit d'appuyer contre les murs aucun bois de charronnage ni autres choses susceptibles de les endommager ou affaiblir. Ladite location à vie consentie moyennant le prix annuel de 2,600 livres (1).
(2) Archives nationales. S. 3730.
(3) Archives nationales. S. 3731.
Ce terrain est ainsi détaillé dans un autre document : « jardin situé à l'encoignure des rues du Regard et de Vaugirard ; tenant, du levant, au jardin des Carmes ; du couchant, à la rue du Regard ; du nord, au jardin de la maison de M. Mac Mahon ; du midi, à la rue de Vaugirard, contenant 800 toises de superficie, loué à Claude Trusson, maitre charron et serrurier » (2).
Une pièce du même dossier signale que les religieux auraient, le 1er septembre 1782, vendu ledit terrain à Louis Joseph Bourdon Desplanches, ancien premier commis des Finances, au prix de 68,000 livres, mais seulement avec jouissance à l'expiration du bail à vie passé à Trusson ?
Il est probable que cette opération ne fut pas suivie d'effet, comme aussi ledit bail à vie n'eut sans doute plus d'action pendant la Révolution, puisque nous retrouvons un autre bail passé à Claude Trusson, le 4 octobre 1791, pour trois, six ou neuf années, à compter du 1er janvier 1792, au prix de 1,370 livres (3).
L'immeuble, dans lequel une maison avait été élevée, portait alors, au cours de la Révolution, les n° 814 et 815. Il fut vendu comme bien national provenant des Carmes, le 12 thermidor an VI (30 juillet 1798), avec jouissance du 23 prairial an IV (11 juin 1796), à Jean-Louis Soulavie, homme de lettres, et à Trusson père, au prix de 55,905 livres (4).
(1) Archives nationales, L. L., 1495, f° 346.Ce fut vraisemblablement dans cette maison de la rue du Regard que Soulavie commença la collection d'estampes sur l'Histoire de France dont ont parlé ses biographes, et qu'il avait transportée ensuite en son domicile, rue de Verneuil, 51. Dans sa lettre du 8 avril 1812, écrite au Ministre des Finances, il gémit sur le sort réservé à cette collection, par la saisie qui en a été faite au sujet d'une somme modique non payée à l'Enregistrement :
(2) Archives de la Seine. Domaine. Carton 140, dossier 3911.
(3) Archives de la Seine. Domaine. Carton 127, dossier 3192.
(4) Archives de la Seine. Registre sommier foncier des biens nationaux, Et Domaine. Carton 127, dossier 3192.
« Monseigneur, une opinion du Domaine, et les ordres de votre Excellence en date du 27 novembre 1811, font saisir et vendre samedi prochain en place publique, des tableaux de Poussin et de Véronèse. On va mutiler une partie de la collection de vingt-deux mille estampes et dessins sur l'Histoire de France. Ces monuments, où j'ai employé là moitié de ma vie et de ma fortune, et où il y a seize volumes in-f° de gravures et dessins sur l'Histoire de Napoléon le Grand, achetés jour par jour, et cela pour la somme de 890 francs d'imposition... Vous ne voudrez pas vendre et saisir chez moi un cabinet précieux pour le faire vendre dans les boues de la place du Châtelet… Je demande à vôtre Excellence qu'elle ordonne que mes effets, tableaux, estampes ne seront pas vendus… Signé Soulavie, rue de Verneuil. Paris, le 8 avril 1812(1).
Jean Louis Giraud Soulavie, littérateur, naquit en 1752 à l'Argentière (Ardèche) et mourut à Paris en mars 1813. Tout d'abord prêtre, il embrassa les idées de la Révolution et fut l'ami de Chabot, Bazire, Grégoire, Collot-d'Herbois. En 1792, son mariage avec Mlle Maynaud fat bénit par l'évêque Fauchet. Résident à Genève en mai 1793, il est révoqué en 1794, ramené en France et emprisonné jusqu'en 1795. Il ne s'occupe plus, dès lors, que de travaux littéraires et présente les ouvrages suivants : Géographie de la nature ; Histoire naturelle de la France méridionale ; Des Mœurs et de leur influence ; Tableaux des anciens Grecs et Romains ; Classes naturelles des minéraux ; Composition et élude de l'Histoire ; Convocation et élection des États-Généraux ; Mémoires du Maréchal de Richelieu ; Mémoires du règne de Louis XVI ; Décadence de la Monarchie française ; Mémoires sur la Cour de France pendant la faveur de Madame de Pompadour ; Mémoires du duc de Choiseul, de Maurepas, du duc d'Aiguillon ; Histoire de la Révolution française ; Dictionnaire historique, etc., etc.
(1) Archives de la Seine. Domaine, carton 408, dossier 10711.Il avait réuni 162 volumes d'estampes et dessins sur l'Histoire de France ; et plus de 30,000 pièces et brochures sur la Révolution. Sa collection d'estampes, acquise par le prince Eugène de Beauharnais, fit partie de la bibliothèque du palais de Leuchtenberg à Munich (1).
En 1809 nous trouvons simultanément deux propriétaires de l'immeuble : M. Alphonse Le Roy, professeur à la Faculté de médecine ; et la dame Louise-Marguerite Trusson, veuve du sieur Jacques Floriet (2).
Le plan cadastral exécuté vers 1827-1828, montre le tracé de cet immeuble, portant le n° 19, avec la mention qu'il appartient à M Floriet. Les bâtiments y sont indiqués comme ayant une superficie de 283 mq 39 ; la cour, 75 mq 78 ; le jardin, 207 mètres carrés. Le tout, à l'angle des rues de Vaugirard et du Regard (3).
La dame Louise-Marguerite Floriet mourut le 11 décembre 1854, laissant la propriété aux consorts Floriet; laquelle fut adjugée, le 27 mars 1855 à Jude-Pierre Floriet (4).
(1) Nouvelle biographie générale de Firmin Didot (1864), tome XXXXIII, page 231.La maison est indiquée comme située rue du Regard, 19, à l'angle de la rue de Vaugirard, 100, d'une superficie de 540 mètres carrés et d'une mise à prix de 45,000 fr.
(2) Archives de la Seine. Domaine, carton 145, dossier 4053, et Sommier foncier de l'Enregistrement.
(3) Archives nationales. F. 117,365, n° 31.
(4) Sommaire foncier de l'Enregistrement.
Une partie de cet immeuble, qui n'avait jamais été un hôtel comme ceux dont nous avons parlé, fut démolie en 1866 pour le percement de la rue de Rennes ; et sur l'emplacement de ce qui en restait on a élevé une haute maison de rapport, numérotée 19 sur la rue du Regard, et 116 sur la rue de Rennes, formant l'encoignure de ces deux voies.
Les Archives nationales conservent une liasse de plans et élévations datant du XVIIIe siècle, concernant plusieurs des hôtels de la rue du Regard dont il vient d'être question, et aussi de celui de la rue du Cherche-Midi qui devait appartenir à Mme de Verrue et où siégea le Conseil de guerre.
région: IDF
dept: 93
lieu: Bagnolet
année: 1771
date de l'acte: 27/8/1771
époux: TRUSSON CLAUDE
père époux: CLAUDE (+)
prénom mère époux: ÉLISABETH FRISSARD (+)
naissance époux: maj ans 10 LHUITRE
ancien conjoint époux: di.de Troyes
épouse: BOUDIN LOUISE
père épouse: NICOLAS (+)
mère épouse: THOMASSE BEAUSSE
N°enregistrement: 45585
Code carton: F7/4799
N°d'ordre: 56
Date délivrance: 930814
Patronyme: TRUSSON Claude
Age: 51
Profession: Charron
Domicile actuel: Rue du Regard
Domicile précédent: Rue du Bacq
INSEE dom.précéd.: 75056
Date arrivée Paris: Depuis 38 ans
Ville naissance lue: Lhuitre
Observations : 14ème compagnie
Année: 1793
N°enregistrement: 45715
Code carton: F7/4799
N°d'ordre: 186
Date délivrance: 930814
Patronyme: TRUSSON Alexandre Jean Baptiste
Age: 20
Profession: Charon
Domicile actuel: Rue du Regard
Domicile précédent: Rue de Bercy
INSEE dom.précéd.: 75056
Date arrivée Paris: Natif
Ville naissance lue: Paris
INSEE ville naissance: 75056
Observations: 14ème compagnie, donné une 2ème carte le 22 Nivôse l'an 2
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