09 mai 2008

À propos des origines de Martinez de Pasqually

Portait supposé de
Martinès de Pasqually
Mes récentes recherches sur les Pascalis d’Isère m’ont amené à croiser plusieurs fois, via internet, cet étrange personnage dont les origines sont mystérieuses. Pour en savoir plus sur Martinez de Pasqually, vous pourrez suivre les liens des références que j’indique au bas de cet article.

Dans cet article, je n'ai pas la prétention de résoudre l'énigme des origines de Martinès Pasqually mais je cherche simplement à creuser la piste des Pascalis d'Allos qui ne me semble pas farfelue, j'expliquerais plus loin pourquoi.

Voici tout d'abord ce qu'en dit Gustave Bord dans La Franc-maçonnerie en France des origines à 1815 (document trouvé grâce aux collections geneanet (il faut peut-être être membre privilège pour pouvoir suivre le lien)):
« Martinez Paschalis, dit Martines de Pasqually, et qui probablement s'appelait Martin Pascalis, juif portugais, fut le fondateur des Illuminés français, des Elus Coëns ! » Telle est la légende qui a cours sur ce personnage.

Qui a prouvé que Martin Pascalis était juif et Portugais ?

Il a signé parfois Don Martines de Pasqually. Or, Don est espagnol ; un Portugais eût signé Dom Martines. Le nom de Pascalis n'est pas plus juif que celui de Portalis ; Pasqually et surtout de Pasqually n'a rien d'hébreu.

Au surplus, l'acte de baptême (à Sainte-Croix de Bordeaux) de son fils, reproduit par Papus, établit la catholicité de Pasqually. Dans cet acte, du 20 juin 1768, le fils est appelé Jean-Jacques-Philippe-Joacin-Anselme de La Tour de la Case ; le père, sire Jacques-Delivon-Joacin La Tour de la Case, Don Martines de Pasqually, et la mère dame Marguerite-Angélique de Colas de Saint-Michel. Pasqually se serait marié à Bordeaux, en septembre 1767, avec Mlle de Colas, fille du major du régiment de Foix.

En 1769, lors de son procès contre Bonnichon (dit du Guers), Pascalis prouva sa catholicité.

D'autre part, M. Franz von Baader prétend que Pascalis est né à Grenoble, paroisse Saint-Hugues (Notre-Dame), en 1715, et que c'était un simple ouvrier en voiture. Pascalis n'est pas né à Grenoble, ni paroisse Saint-Hugues, ni paroisse Saint-Louis, ni paroisse Saint-Laurent, ni paroisse Saint-Joseph.

J'ai tout lieu de croire cependant qu'il est originaire d'une famille de Grenoble et qu'il est fils de Jean-Pierre Pascalis, maître écrivain, professeur de langue latine, et de Madeleine d'Alençon. De ce mariage sont nés :
  1. Madeleine, baptisée le 4 avril 1711 à Saint-Hugues ;
  2. Françoise, baptisée le 2 décembre 1712 à la même paroisse;
  3. Marie, baptisée le 5 juin 1721 à Saint-Louis ;
  4. Félix, né en 1724 à Saint-Hugues, mort le 3 juin 1727.
On peut supposer que celui qui nous occupe est né en 1715 dans les environs de Grenoble, et que son nom est tout simplement Martin Pascalis.

Pasqually, puisque tel est le nom qu'il adopta, s'embarqua pour Saint-Domingue à Bordeaux le 5 mai 1772. Il avait, paraît-il, entrepris ce voyage pour recueillir une succession. Il mourut à Port-au-Prince le mardi 20 septembre 1774, laissant un fils qui faisait ses études au collège de Lescar, près de Pau. Avant de mourir, il désigna pour son successeur son cousin Armand-Robert Caignet de Lestère, commissaire général de la marine à Port-au-Prince depuis 1771.
Ce qui a attiré mon attention dans ce texte de Gustave Bord, c'est la mention du couple Jean-Pierre Pascalis x Madeleine d'Alençon que j'avais déjà trouvé dans les actes geneabank du CGD pour mes recherches sur les Pascalis d'Allos.

On peut donc trouver, le 16 juillet 1708, à Grenoble Saint-Hugues, la mariage de PASCALIS Pierre, fils de Laurent et JOUBERT Madeleine avec DALENCON Madeleine, fille de Pierre et MORIN Marie. Observations diverses : Pierre Pascalis est veuf de Marie Buisson.

La descendance de Pierre (ou Jean-Pierre) PASCALIS que j'ai pu reconstituer se présente comme suit :

Première génération

1. Pierre PASCALIS. Pierre a épousé (1) Marie BUISSON. Ils ont eu les enfants suivants:
2 F i. Benoite PASCALIS est née le 1 février 1697 à Bernin, Isère, France.
Pierre a également épousé (2) Madeleine D'ALENÇON, fille de Pierre D'ALENÇON et Marie MORIN, le 16 juillet 1708 à Grenoble, Isère, France. Ils ont eu les enfants suivants:
3 F ii. Marie PASCALIS est née le 17 mars 1716 à Les Bouchiers, Allos, Alpes-de-Haute-Provence, France.

4 M iii. Jean-Pierre PASCALIS est né le 3 mai 1718 à Les Bouchiers, Allos, Alpes-de-Haute-Provence, France.

+ 5 F iv. Marguerite PASCALIS.
Deuxième génération

5. Marguerite PASCALIS (Pierre). Marguerite a épousé Pierre BONETY, fils de Gaspard BONETY et Marie MICOUD, le 16 décembre 1737 à Grenoble, Isère, France. Ils ont eu les enfants suivants:
6 F i. Dominique BONETY.
Dominique a épousé Joseph BLANC, fils de François BLANC et Claudine MARGAILLON, le 19 février 1772 à Grenoble, Isère, France.
Les baptêmes des enfants Pascalis au hameau des Bouchiers à Allos en 1716 et 1718 ne sont pas incompatibles avec les quatre baptêmes de Grenoble cités plus haut par Gustave Bord en 1711, 1712, 1721 et 1727. Il est à noter que dans les relevés des Bouchiers édités par le CGAHP. Le nom de Madeleine d'Alençon est orthographié Magdalene DALLANSON ou DALANSON.

Élément trouvé dans Martinès de Pasqually de Gérard van Rijnberk et Robert Amadou
Certificat de Catholicité

Archives Départementales de la Gironde
Série 6B
Registres des Passagers n° 54. Folio 64.

J'atteste que M. Jacques Pasqually de Latour, écuyer natif de Grenoble, âgé de 45 ans, de moyenne taille, cheveux noirs, portant perruque, professe la religin catholique apostolique romaine, lequel désire s'embarquer par le navire le Duc de Duras, Capitaine Duquatz, pour aller à Saint-Domingue.
Bordeaux, le 26 avril 1772.
Signé : Depasqually de la Tour.
Références :

Sur Gallica :
  1. Franz von Baader - Les enseignements secrets de Martinès de Pasqually ; précédés d'une notice sur le martinézisme et le martinisme.
  2. Martinès de Pasqually - Traité de la réintégration des êtres dans leurs premières propriétés, vertus et puissance spirituelles et divines.
Autres :
  1. Jean-François Var - Biographie de Martinez de Pasqually.
  2. Gérard van Rijnberk, Robert Amadou - La vie de Martinès de Pasqually. Cet ouvrage peut être consulté sur Google Books mais toutes les pages ne sont pas visibles, certains éléments étant encore sous droits d'auteur.
  3. Martinez Pasqually sur WikiPedia.
  4. Martinès de Pasqually sur le site du philosophe inconnu.
  5. Enterrement de Martinès de Pasqually

Voir aussi :

https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action%3Bjsessionid=0EFCF72054187963BBCB72717064141E?udId=c1p71x09e5sz--179hjk6bj0u0c&irId=FRAN_IR_042633

Inventaire après décès de Jean-Jacques-Philippe-Joachim-Anselme de Lioron Latour de Lacase, demeurant rue des Amandiers, n° 16, à la requête de Marie-Martina Bergès, sa veuve. Colon (ancien). Décédé le 10 août 1838.
6 septembre 1838


2 commentaires:

Omer a dit…

L’article est très intéressant. Mais peut-être cette gravure de Pasqually n’est pas correcte.

Gilles Dubois a dit…

Effectivement, c'est le portrait supposé de Martinès de Pasqually mais ce n'est pas certain. Je vais ajouter cette indication en légende du portrait.