23 janvier 2007

Quel Della Pera

Source : Annuaire du conseil héraldique - 1900
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36895r/f198.table

Quel Della Pera

A Leoun de Berlu-Perussis

Nel picciol cierchio s'entrava per porta
Che si nomava da quei della Pera.

PARADISO canto XVI.

Subre bu linde azur daurejo la Perusso,
De tis àvi simbèu, que lou Dante acanta ;
Bèn mai de sèt cènts an sèmpre s'es enarta
L'Aubre que se tèn drech e morgo ! i garusso.

Quouro di siècle mort lou Troubadour arrusso
La pousso que rescound soun eterno bèuta
Déu faire trelusi li Priéu de Liberta,
Que jamai, en si man, lou gounfaloun cabusso.

Peruzzi, derrouca dou païs flourentin,
En Avignoun fugué Conse, quàsi mounarco ;
E soun renoum s'apielo au grand noum de Petrarco :
D'éu tenon li Berluc soun ideau latin
Leoun, pious feleu d'Aquéli de la Péro,
S'es « à recoumença », prendren toun mot : Espero !

Louis de Sabran d'Allard

Quel Della Pera

A Léon de Berluc-Perussis

Nel picciol cierchio s'entrava per porta
Che si nomava da quei della Pera.

PARADISO canto XVI.

Sur le Limpide azur [de votre écu], scintille, dorée, la Pérusse (1), de vos aïeux symbole, par le Dante chanté Bien plus de sept cents ans (A) toujours s'est élevé l'Arbre (B) qui se tient droit et morgue les contrefaits.

Lorsque des siècles morts le Troubadour secoue la poussière qui cache leur éternelle beauté, il doit [en premier lieu] mettre en lumière les Prieurs de la Liberté, qui jamais, de leurs mains, n'ont laissé tomber le gonfanon [de Florence]. (C).

Peruzzi, banni du pays florentin (D), devint, en Avignon, Consul, presque monarque; (E) et son renom lui vient du grand nom de Pétrarque :

C'est de lui que les Berluc tiennent leur idéal latin ; Léon, pieux descendant de Ceux à la poire ; si nous avons « à recommencer » (F), nous prendrons ta devise (2) : ESPÈRE ! (G).

(Traduit du provençal par l'auteur.)

(1) On nomme ainsi, en provençal, une variété de poire sauvage.
(2) En provençal ESPERO ! signifie à la fois espère et attends !

NOTES HISTORIQUES
(A) Romuleus sauguis primi novus incola muri
Perutius fertur, primoeque in limine portEe
Sunt monumenta. domus et moles ardua restat
Castelli in morem.
UGOLINO VERINI,
De illustrationibus urbis Florentiae.

(B) La famille Peruzzi remonte sa généalogie à Peruzzo della Porta della Pera dont le fils Ubaldino, est cité dans une charte du monastère de Saint-Salvi, de 1150.

(C) Les Peruzzi ont donné à Florence dix gonfaloniers (chefs de la République) et même douze, si l'on compte Vincent et Ubaldino Peruzzi, qui de nos jours furent investis de ce titre, alors qu'il n'était plus qu'un vain simulacre de l'antique gonfaloniérat. Ils ont fourni, en outre, 54 prieurs de la liberté, maints chevaliers du peuple. Leur plus récente illustration est le chevalier Ubaldino Peruzzi, qui a été ministre du royaume d'Italie et prit une large part au centenaire de Pétrarque (Avignon 1874).

Le chef de nom et d'armes porte le titre de marquis de Peruzzi de Medici, comme le plus proche héritier des Médicis, en vertu du testament de l'Electrice, soeur du dernier Grand-Duc.

(D) Luigi Peruzzi, exilé en 1458, se fixa à Avignon où, dès 1470 il fut élu premier consul. De lui on a des mémoires sur Pétrarque; ceux-ci ont été édités à Bologne, en 1866, par G. Romagnoli : Ricordi sulla cita di messer F. Petrarca e di madonna Laura - scritti da Luigi Peruzzi.

Marie, fille de Louis Peruzzi, épousa Jean de Berluc, tige des actuels Berluc-Pérussis, qui portent : d'azur à la poire d'or. Ce Jean, syndic de Forcalquier, en 1483, négocia, à ce titre, l'union de la Haute Provence à la France, moyennant une franchise d'impôts... que l'on attend encore !

(E) Presque monarque… Par ces temps de mairie en tutelle sous la férule d'une administration centraliste, que Bonaparte a imposée à la France, cet éloge du vieux consulat provençal ne paraîtra mérité qu'à ceux qui ont étudié l'histoire de la Provence dans les archives et non dans certains livres que l'on sait.

(F) A recommencer, devise énigmatique attribuée aux Berluc-Pérussis.

(G) Espero ! (espère !) devise personnelle d'A. de Gagnaud (Léon de Berluc-Pérussis).

Louis de Sabran d'Allard

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