05 avril 2009

La famille de Croy

CROY ou CROUY, (DE) famille aussi illustre qu'ancienne, qui descend de la maison royale de Hongrie, de la dynastie de Saint-Étienne, et que les malheurs des temps ont forcée de se retirer en France, où elle fit des acquisitions dans les montagnes d'Allevard en Dauphiné, puis dans la Picardie. Elle tire son nom du village de Croy ou Crouy, situé dans cette dernière province, près de la rivière de Somme, à trois lieues nord-est d'Amiens. Un partage fait sous la médiation des plus grands seigneurs de ce temps, Amédée, comte de Genève, Pierre du Peloux, Raoul de Clermont, connétable de France, et Baudouin de Guines, alloue les terres du Dauphiné à Félix de Hongrie, et celles de Crouy et de Picardie, à Marc, son frère, tous deux fils d'André III, roi de Hongrie, et petits-fils d'Étienne le Posthume. La filiation de cette famille est prouvée par les pièces les plus authentiques, et confirmée par plusieurs arrêts de la chambre des comptes, du Dauphiné, de 1790, lesquels nous ont été mis sous les yeux, et qui déclarent que son origine et sa descendance en ligne directe et masculine de Félix, prince royal de Hongrie, dit de Croy-Chanel, fils aîné d'André III, dit le Vénitien, petit-fils du prince Etienne, dit le Posthume, et arrière-petit-fils d'André II, roi de Hongrie, sont suffisamment prouvées, et ordonne que les titres produits soient enregistrés.
  1. Bela III, roi de Hongrie, fut couronné le 13 janvier 1174, et mourut le 18 avril 1196. Il avait épousé, en 1185, Marguerite de France, fille de Louis VII, roi de France ; il eut de ce mariage :

  2. André II, roi de Hongrie, qui mourut le 7 mars 1235, après avoir régné environ trente-un ans. Il avait épousé, 1.° Gertrude, fille de Berthold IV, duc de Méranie ; 2.° Yolande, fille de Pierre de Courtenai, empereur de Constantinople ; 3.° le 14 mai 1234, Béatrix, fille d'Aldrobrandin, marquis d'Est. Il laissa entre autres enfants :

  3. Étienne, dit le Posthume, fils unique du troisième lit, qui épousa Thomassine de Morosini, nièce du doge de Venise, dont il eut :

  4. André III, surnommé le Vénitien, qui fut couronné roi de Hongrie, le 4 août 1290. Les troubles continuels qui agitaient son royaume et les guerres qu'il eut à soutenir contre les Papes, l'empereur Rodolphe d'Habsbourg, les rois de Naples, de Sicile et de Bohème, le réduisirent à la dure extrémité de se voir dépouiller de sa couronne. Il mourut à Bude, le 14 janvier 1302, étant le dernier roi de la famille de Saint-Étienne. Il avait épousé 1.° Sybille de Cumana, fille d'un sénateur de Venise ; 2.° Agnès d'Autriche.
    Enfants du premier lit :
    1. Félix de Hongrie, dont l'article viendra ;
    2. Marc de Hongrie, Coseigneur de Croy-sur Somme, qu'on croit-être la souche des sires de Croy et de Renty, des princes de Chimay, de Solre et des ducs d'Havré ;

      Du second lit :
    3. Élisabeth, qui se retira pendant les troubles de Hongrie, en Suisse où elle finit ses jours dans le couvent des dominicaines de Toess.

  5. Félix de Hongrie, seigneur de Brastole en Dalmatie, et coseigneur de Croy-sur-Somme, fit un traité le 1er mars 1279, entre lui et les habitants du hameau et mandement de Brastole, au sujet du droit de pâturage dans la forêt de Weyaga : il est qualifié noble, puissant et magnifique homme, seigneur Félix de Hongrie. On y rappelle l'usage où étaient les habitants d'y mener leurs chevaux au pâturage, surtout pendant la possession du seigneur André, qui s'y trouve qualifié de prédécesseur et père dudit seigneur Félix, qui était digne par ses grands sentiments de son aïeul royal. Il est bon d'observer qu'André III, père de Félix, avait habité, pendant sa minorité, le pays de Brastole, voisin des villes de Spalatro et d'Almisum, où Roger de Morosini, son beau-frère, commandait pour les Vénitiens. Les pirates infestant, cette contrée, Félix se retira en France dans les montagnes d'Allevard en Dauphiné, où Étienne de Hongrie, dit le Posthume, son aïeul, avait déjà trouvé une retraite lorsqu'il était poursuivi par la haine de son aïeul maternel le marquis d'Est : il y épousa Guigonne de la Chambre, des anciens comtes de la Chambre, famille des plus illustres de la Savoie, et mourut en 1285, environ dix-sept ans avant la mort de son père. Il laissa de son mariage :
    1. Antoine de Hongrie, qui suit ;
    2. André de Hongrie, dit de Croy-Chanel ;
    3. Jean de Hongrie, dit de Croy-Chanel, archevêque d'Embrun.

  6. Antoine de Hongrie, dit de Croy-Chanel, coseigneur d'Allevard, qualifié dans son obit, de militis nobilissimi, épousa Ambroisie de Commiers, de laquelle il laissa :
    1. Pierre de Hongrie, dont l'article viendra ;
    2. Jean de Hongrie, dit de Croy-Chanel, chevalier, marié à Isabeau de Croy, dame de Clary, petite-fille d'Enguerrand, sire de Croy, et d'Hélène, son épouse. C'est lui que Scohier suppose mal-à-propos l'auteur de la branche de Croy-Chanel ;
    3. Humbert de Hongrie, dit de Croy ou de Cruce, qui fut sénéchal, ou grand-maître d'hôtel de la dauphine Béatrix, en 1334 ; et en 1335, il fut sénéchal du dauphin Humbert II ;
    4. Simond de Hongrie, dit de Croy ou de Cruce, qui se trouva en armes au camp rassemblé devant Mirebel, proche la Grande-Chartreuse, le 6 avril 1348.

  7. Pierre de Hongrie, dit de Croy-Chanel, chevalier, seigneur de la Tour-d'Allevard, épousa, le 9 décembre 1308, Agnès de Sassenage de Véracieux. Il est qualifié dans son contrat de mariage de cousin de Béatrix de Hongrie, femme du dauphin de Viennois Jean II. Il eut pour fils :
    1. Guillaume, dont l'article suit ;
    2. Aimond de Croy, chevalier, cité avec cette qualité dans le testament de sa belle-sœur Jeanne de Pons de Bergerac ; du 1er octobre 1349.

  8. Guillaume DE CROY-CHANEL, chevalier, coseigneur de la Tour-d'Allevard, tué, le 26 août 1346, à la bataille de Crécy, avait épousé Jeanne de Pons de Bergerac, dont il eut :
    1. Jean, dont l'article viendra ;
    2. Aimond de Croy, mort sans hoirs ;
    3. Anne de Croy.

  9. Jean I DE CROY-CHANEL, fut fait chevalier sur le champ de bataille à Rosebek, le 27 novembre 1382. Il avait épousé Richarde de Mailles, de laquelle il laissa :
    1. Jean, qui suit ;
    2. Jeanne de Croy, mariée à Robert de Mainterne, seigneur de Ruffin.

  10. Jean II de CROY-CHANEL, chevalier, coseigneur de la Tour-d'Allevard, fit la guerre à Thibault de Rougemont, archevêque de Vienne, conjointement avec Guy et Jean de Torchefelon, en 1402. Il eut de son mariage avec Jeanne du Peloux :

  11. Rodolphe DE CROY-CHANEL, chevalier, seigneur et châtelain delphinal d'Allevard. Il est qualifié de noble et puissant homme dans une procédure de 1434 et dans son testament du 7 avril 1443. Il avait épousé Marguerite du Claux, dont sont issus :
    1. Hector, dont l'article viendra ;
    2. André ;
    3. Claude de Croy, qui eut en partage, avec son frère André, les biens et la terre de Chanay, situés à Bellecombe ;
    4. Béatrix de Croy, religieuse au couvent de Montfleury, près Grenoble.

  12. Hector DE CROY-CHANEL, chevalier, coseigneur de la Tour-d'Allevard, épousa Catherine de Guiffrey. Il testa le 28 décembre 1488, laissant de son mariage :
    1. Jean, qui suit ;
    2. Catherine de Croy, mariée à Guillaume du Peloux-d'Allevard.

  13. Jean III DE CROY-CHANEL, chevalier, épousa en 1488, Michelle de Grolée de Viriville. Il eut pour fils :

  14. Louis-Georges DE CROY-CHANEL, qui fut capitaine des gendarmes de Gaspard de Coligny. Il se distingua à la bataille de Cérisoles, le 14 avril 1544. Il avait épousé Charlotte de Guers, de laquelle il eut :
    1. Jean, dont l'article viendra ;
    2. Claude-Guigues de Croy, marié à Aimonette de Salvaing ;
    3. Jean de Croy, chevalier de Saint-Jean-de Jérusalem ;
    4. Catherine de Croy.

  15. Jean IV DE CROY-CHANEL fut fait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin, le 10 août 1557. Il avait épousé Florence de Pellet la Vérune-Narbonne. De ce mariage sont issus :
    1. Claude, dont l'article suit ;
    2. Jean de Croy.

  16. Claude Ier DE CROY-CHANEL, capitaine de deux cents hommes d'armes, par brevet du 22 mai 1594 ; fut un de ceux qui contribuèrent le plus à la prise du fort de Barreaux, le 15 mars 1598. Il avait épousé, le 18 février 1565, Catherine de Charra, de laquelle il eut :
    1. Philibert, dont l'article suit ;
    2. Laurent de Croy, né le 24 décembre 1575.

  17. Philibert DE CROY-CHANEL, né le 12 novembre 1574, épousa, le 8 septembre 1601, Clermonde-Hélène du Faure-de-Vercors. II eut pour fils :
    1. François-Laurent qui suit ;
    2. Jean de Croy.

  18. François-Laurent DE CROY-CHANEL fut d'abord capitaine de cavalerie dans le régiment de Fimarcon, ensuite major-commandant du fort de Barreaux, par brevet du 20 mars 1642. Il avait épousé, le 16 février 1625, Antoinette d'Armand de Grisac, dont sont issus :
    1. Claude, dont l'article suit ;
    2. Marc-Hector de Croy, capitaine de cavalerie au régiment de Fimarcon. Il fit ses preuves de noblesse devant M. du Gué, intendant du Dauphin, et en eut acte le 25 octobre 1668.

  19. Claude II DE CROY-CHANEL, capitaine d'infanterie au régiment de Vannicelli, par brevet du 28 octobre 1654, épousa le 3 octobre 1671, Anne Dauvet, de laquelle Il laissa :

  20. Claude III DE CROY-CHANEL, seigneur de la maison forte d'Argenson, capitaine d'infanterie dans le régiment de Dauphiné. Il quitta le service par suite des blessures qu'il reçut au Quesnoy le 4 octobre 1712. Il épousa, le 20 août 1713, Élisabeth de Pison, dont il eut :
    1. Jean-Claude, dont l'article viendra ;
    2. François-Nicolas, chef de la seconde branche de la maison de Hongrie de Croy, rapportée ci-après ;
    3. François-Paul de Croy, religieux, prieur dans l'ordre des Frères Prêcheurs.

  21. Jean-Claude de CROY-CHANEL, épousa, le 28 janvier 1741, Françoise de la Croix de Roussillon, dont il eut :

  22. Claude IV DE HONGRIE DE CROY-CHANEL, capitaine de dragons le 6 octobre 1778. Il avait épousé Élisabeth de Naulot, dont il eut :
    1. Claude-François de Hongrie, qui suit ;
    2. Françoise-Julie de Hongrie de Croy, mariée à noble Gaspard de Lambert d'Hautefare ;
    3. Justine-Clémence ;
    4. Marie-Élisabeth de Hongrie de Croy, mariée le 1er août 1789, avec Xavier d'Allemond de la Queylane.

  23. Claude-François DE HONGRIE, comte de Croy, a épousé, 1.° le 11 novembre 1799, Anne-Charlotte-Gabrielle-Joséphine-Pétronille d'Aguesseau, décédée le 26 janvier 1806, fille de Charles-Albert-Xavier, marquis d'Aguesseau, maréchal de camp, cordon rouge, major-général des gardes du corps, gouverneur de Ham, etc., : dont il n'est point resté d'enfants ; 2.° le 11 septembre 1811, Marie-Eugénie Raimond de Montmort, fille de Jean-Louis Raimond, marquis de Montmort, maréchal de camp, lieutenant des gardes du corps.
Seconde branche, prise du vingtième degré.
  1. François-Nicolas de CROY-CHANEL, second fils de Claude de Croy, IIIe du nom, et d'Élisabeth de Pison, seigneur de la maison forte d'Argenson par testament de son père, du 11 juillet 1742, épousa, le 14 juin 1753 Françoise-Marguerite de Samuel. De ce mariage sont issus :
    1. Claude-François, dont l'article viendra ;
    2. Claude-Henri de Hongrie, chevalier de Croy, capitaine au régiment de Toul, du corps royal d'artillerie, marié le 18 mai 1801 à Anne-Gabrielle-Joséphine de Belloy, fille de Pierre, chevalier de Belloy, seigneur de Droménil, maréchal de camp. Il eut de ce mariage André-Raoul-Claude-François-Simon de Hongrie de Croy, né le 18 février 1802 ;
    3. François-Zacharie, capitaine dans le corps royal du génie. Il avait émigré en 1792 et pris du service en Prusse. Ayant été, fait prisonnier par les Français, il fut fusillé à Metz en 1793 ;
    4. Marie-Emérantianne, sans alliance ;
    5. Julie-Marguerite-Madeleine, morte le 7 octobre 1803.

  2. Claude-François de HONGRIE, marquis de Croy, seigneur de la maison forte d'Argenson, officier à l'armée de monseigneur le duc de Bourbon, dans la compagnie noble dauphinoise, a épousé ; le 25 mars 1793, Marie Charlotte de Bagel d'Urfé, fille du baron de Bagel-d'Urfé. De ce mariage vinrent :
    1. François-Claude-Auguste de Hongrie de Croy, né le 31 décembre 1793, servant dans les gardes du corps de S. M.
    2. Pierre-Paul-François-Martin, né le 11 novembre 1796, mort le 18 avril 1805 ;
    3. François-Nicolas-Jean-Henri, né le 22 mai 1799 ;
    4. Claude-François-André-Félix, né le 5 février 1802 ;
    5. François-Auguste, né en 1813 ;
    6. Françoise-Pauline-Emérantianne, née le 31 août 1804 ;
    7. Clémentine-Charlotte-Claudine, née le 4 juin 1810.
Armes : « Écartelé au premier de France ; au deuxième de Sassenage, qui est burelé d'argent et d'azur de dix pièces, au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d'or ; au troisième de Pons, qui est d'argent à la fasce, bandé d'or et de gueules de six pièces ; au quatrième de Narbonne ancien, qui est de gueules en plein, et brochant sur le tout de Hongrie, qui est de Croy, qui porte fascé d'argent et de gueules de huit pièces ; le tout surmonté d'une couronne d'or antique en forme de demi-globe, surmontée d'une petite croix terminée en fer de lance d'or, ladite couronne ornée de chaînes et de petites croix qui pendent sur le devant, et sur les côtes de cette couronne qui est celle de Saint-Étienne, premier roi chrétien de Hongrie. Supports, deux guerriers armés de toutes pièces. Cri de guerre, Jérusalem. Première devise, Sanguis regum Hungariœ ; seconde devise, Crouy salve tretous. »

Source : Nobiliaire Universel de France, Tome I, page 513
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/document?O=N036861

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