13 octobre 2005

Nobiliaire de Provence : Sabran

de SabranAnnuaire de la noblesse de France - 1864
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/document?O=N0036592
pages 158 à 161
Armes : de gueules, au lion d'argent.
La maison de Sabran, d'ancienne chevalerie, est l'une des plus illustres de Provence. Elle a pris son nom d'un ancien château, chef-lieu de la baronnie de Sabran, situé en Languedoc à quatre lieues de la ville d'Uzès. Elle possédait en outre en franc alleu des biens considérables en la sénéchaussée de Beaucaire et une portion de la ville d'Uzès, qui lui échut par suite d'une alliance contractée vers 1156. Les anciens seigneurs de Sabran se qualifiaient par la grâce de Dieu, connétables des comtes de Toulouse, soit que cette dignité fût attachée à la possession de leur baronnie, soit qu'elle eût été inféodée particulièrement à leur maison.

Au XIIe siècle, un double mariage avec deux héritières des anciens comtes de Forcalquier, transmit à deux branches de la maison de Sabran des droits sur le comté de Forcalquier, que l'une d'elles a soutenu par les armes et fait consacrer par un traité en 1220.

On trouve dès l'an 1029 Émenon, seigneur de Sabran, qui assista à la fondation du monastère de Saint-Pierre de Sauve, par la vicomtesse de Béziers. (D. Vaissette, Histoire de Languedoc, t. II, p. 460; preuves, colonne 482.)

Guillaume de Sabran, Ier du nom, chevalier, fils présumé d'Emenon qui précède, fut présent à la charte par laquelle Almodis de la Marche, veuve du comte de Toulouse, réunit, le 23 décembre 1066, le monastère de Saint-Gilles à l'abbaye de Cluny. (Ibid., p. 211 ; preuves, col. 253.). Il fut, en 1080, garant d'une convention passée entre Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et Ermengarde, vicomtesse de Béziers. Il se distingua à la première croisade et il est cité au nombre des soixante chevaliers chrétiens, qui, au siège d'Antioche, en 1098, défendirent un pont contre toute une armée de Sarrazins. Guillaume de Sabran entra l'un des premiers dans la place et fit prisonniers les fils du gouverneur mahométan. Pendant le siège de Jérusalem, ce brave compagnon d'armes du comte de Toulouse et de Godefroy de Bouillon favorisa, par une brillante expédition, le débarquement d'une flotte génoise dans le port de Joppé, au mois de juin 1099, et le 14 juillet suivant, on le retrouve un des premiers à s'élancer sur la brèche et à pénétrer dans la ville sainte. Son nom et ses armes ont été placés sur la frise de la grande galerie des croisades du musée de Versailles : de gueules, au lion d'or, et non d'argent, comme l'ont constamment porté ses descendants.

Guillaume III, seigneur de Sabran, chevalier, l'aîné des petits-fils du célèbre croisé, continua la branche des seigneurs de Sabran, connétables héréditaires des comtes de Toulouse, qui parait s'être éteinte au XIVe siècle.

Giraud de Sabran, frère puîné de Guillaume III, l'un des principaux barons de la cour de Raymond V, comte de Toulouse, épousa :
  1. Alix de Forcalquier, fille de Bertrand Ier, comte de Forcalquier, et de Josserande de Flotte;

  2. Galburge du Caylar (de la première maison d'Uzès).
A sa mort, sa descendance se divisa en deux branches, qui suivent :
  1. Guillaume IV, issu du premier lit de Giraud de Sabran, prit le titre de comte de Forcalquier à la mort de Bertrand, son oncle maternel, tant du chef d'Alix de Forcalquier, sa mère, qu'en vertu du testament par lequel ledit Bertrand II, comte de Forcalquier, au moment de partir pour la terre sainte en 1168, l'avait institué son héritier pour moitié. Mais il fut obligé de recourir aux armes pour appuyer ses droits contre Raimond Bérenger, comte de Provence, qui s'était emparé du comté de Forcalquier, comme arrière-petit-fils d'un frère aîné de Bertrand II. Cette guerre fut le signal pour les villes les plus considérables de la Provence, comme Aix, Marseille, Nice, Avignon, de secouer le joug et de s'ériger en républiques. Guillaume de Baux, prince d'Orange, qui avait reçu, en 1264, le litre de roi d'Arles de l'empereur Frédéric, s'unit à Guillaume de Sabran, et le comte de Provence se vit forcé de conclure en 1220 un traité par lequel il cédait à ce dernier des domaines considérables dans le comté de Forcalquier. Guillaume de Sabran conserva le titre de comte et transmit à ses descendants le nom et les armes de Forcalquier. Sa postérité s'éteignit dans la personne de Gaucher de Forcalquier, évêque de Gap, qui, par testament de l'an 1483, institua pour son héritier Georges de Castellane, son neveu, avec substitution en faveur de Gaucher de Brancas, son cousin germain. Celui-ci recueillit cette substitution, et ses descendants, les marquis de Brancas, ont porté le surnom de Forcalquier et ont écartelé leurs armoiries de celles de cette maison.

  2. Giraud-Amic de Sabran, seigneur de Châteauneuf, du Thor, de Caumont, etc., issu du second lit de Giraud de Sabran, est qualifié connétable du comte de Toulouse, dans une charte du 15 février 1209. Sa postérité se subdivisa dans ses petits-enfants en deux branches : celle des seigneurs de Châteauneuf et de Rochefort, et celle des seigneurs de Robion et de Caumont, connue sous la dénomination de Sabran-Montdragon, éteintes l'une et l'autre vers la fin de XIVe siècle.
Par les diverses extinctions qui précèdent, la maison de Sabran ne fut plus représentée que par la souche qu'avait formée Rostaing de Sabran, premier du nom, frère puîné de Guillaume III et de Giraud, et trisaïeul de Guillaume de Sabran, surnommé Martorel. Ce dernier eut pour petit-fils Ermengaud de Sabran, seigneur en partie d'Uzès, baron d'Ansouis, comte d'Ariano et de Pozzuolo, grand justicier du royaume de Naples en 1283, auteur des diverses branches qui se sont perpétuées jusque dans les temps modernes.

Ermengaud de Sabran avait épousé :
  1. Laudune Aube de Roquemartine;

  2. Alix de Baux.
Du premier lit était issu Elzéar de Sabran, comte d'Ariano, baron d'Ansouis, ambassadeur du roi de Naples à Paris, où il mourut en odeur de sainteté le 27 septembre 1323. Il fut canonisé par le pape Clément XII, à la demande des Etats du Languedoc, et la mémoire de saint Elzéar est fort vénérée dans le midi de la France.

Du second lit d'Ermengaud de Sabran naquit Guillaume de Sabran, comte d'Ariano et d'Apici, baron d'Ansouis, dont sont sorties les quatre branches ci-après
  1. Celle des barons d'Ansouis, alliée aux maisons d'Agoult, de Baux, de Blacas, d'Escalis, de Forbin, de Roquefeuil, éteinte vers 1614.

  2. Celle des barons de Beaudinar, qui a contracté des alliances avec les maisons d'Arlatan, de Cabanes, de Gamaches, de Glandevès, de Grasse, de Vintimille, etc. Elzéar-Louis Zozime, comte de Sabran, lieutenant général, dernier rejeton de cette branche, né le 3 janvier 1764, appelé à la pairie en 1815, mourut le 22 janvier 1847. Il avait été créé duc de Sabran le 30 mai 1825 et les neveux de sa femme, Marc et Joseph de Pontevès, lui furent substitués dans son titre et sa pairie par ordonnance royale du 18 juillet 1828.

  3. Celle des seigneurs d'Aiguine et de Canjuers, alliée aux maisons d'Albertas, de Fabri, de Monyer, de Pontevès, de la Tour, etc.

  4. Celle des seigneurs de Biosc, alliée aux Coëtlogon, aux Gafarel, aux Requiston, etc. ; éteinte au siècle dernier.
La maison de Sabran a produit des maréchaux du royaume de Naples, un ambassadeur, un grand chambellan de la reine Jeanne, plusieurs officiers généraux et supérieurs, et un grand nombre de chevaliers et commandeurs de l'ordre de Malte, depuis Claude de Sabran qui y fut reçu en 1531. Elle compte parmi ses rejetons un évêque de Chiéti, créé cardinal au milieu du XIVe siècle, et un prélat français, César de Sabran, qui occupa le siége épiscopal de Glandevès depuis le 3 juin 1702 jusqu'à sa mort, en 1720.

Armes : de gueules, au lion d'argent.

Devise : NOLI IRRITARE LEONEM.

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