01 février 2009

Recherches sur la famille Dutour en Savoie

Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère
Par Académie de la Val d'Isère, Moûtiers
http://books.google.fr/books?id=DXg2AAAAMAAJ&pg=PA536&ci=155,338,776,996&source=bookclip#PPA536,M2
page 536
D'abord nous pouvons dire que la commune de Petit-Cœur, autrefois dénommée Saint-Eusèbe de Cors ou Cours, renferme, dans son territoire, les restes plus ou moins conservés d'un vieux château féodal et d'une maison-forte ; mais que jamais aucun de ces antiques manoirs n'appartint à nos archevêques. Bien avant le XVIIe siècle, nos prélats n'avaient plus hors de Moûtiers que les châteaux de Saint-Jacques, de Bozel, de la Bâthie et la maison-forte des Allues. A une époque plus reculée ils avaient possédé ceux de Briançon et de Conflans.

Le vieux château ruiné qui domine le village et qui portait le nom de Tour de Bosson, se trouvait habité en 1630 par noble Jean-François Dutour surnommé La Motte ; cette branche était tombée dans le discrédit par des mésalliances répétées. Descendue au rang de ses fermiers, cette famille vivait comme eux dans la misère et logeait avec eux dans ce donjon ruiné. (Registres paroissiaux de l'année 1630 et suiv.)

Au-dessous, dans le centre du village, un château assez spacieux et plus moderne appartenait à noble Antoine-Gaspard Dutour, dit de Villeneuve, Seigneur de Saint-Eusèbe de Cœur. Cette branche s'était illustrée par de hauts emplois dans l'armée et dans la magistrature du pays, elle s'était enrichie par de nobles alliances.

Ainsi, il est faux de dire que nos archevêques pendant la peste se réfugièrent dans leur château de Petit-Cœur.

Nous savons que Mgr Martinet passa quelques mois en villégiature dans la cure inoccupée de Petit-Cœur, pendant l'été de 1826 ; de plus une tradition bien répandue dans le pays rapporte que la peste épargna toujours cette localité. Serait-il impossible que M. Paul Collet, qui recueillait en courant les récits de nos villageois, eut brouillé dans sa mémoire ces mots d'évêque et de peste, et par une confusion incroyable, eut laissé sa plume légère écrire que nos archevêques avaient un château en ce lieu privilégié et qu'ils y cherchèrent un abri contre le terrible fléau de 1630 ? Mieux vaut le supposer ainsi que d'accuser l'auteur d'une invention calomnieuse et méchante.

Mais si nos prélats n'avaient pas de résidence à Petit-Cœur, ne serait-il pas naturel de supposer que la famille Dutour leur offrit gracieusement un abri dans son château, pendant que la maladie contagieuse sévissait à Moûtiers ?

Sans doute cette supposition est toute naturelle, elle peut même avoir quelque vraisemblance ; et, si nous ne l'avons pas faite d'abord, c'est par la raison toute simple qu'en 1630 le siège était vacant et que Moûtiers n'avait point d'archevêque.

Aucun commentaire: