28 mai 2006

Notes inédites sur la famille Farel par Joseph Roman

On sait que Guillaume Farel eut au moins six frères et soeurs: Daniel, Claude, Jean Gabriel, une fille mariée à Honorat Riquetti, ancêtre direct de Mirabeau; Jean-Jacques, et Gauthier ou Gaucher. Lorsque le Réformateur testa le 15 août 1558, Claude et Gaucher étaient les deux seuls de ses frères qui vivaient encore. Ils avaient épousé deux soeurs, savoir Claude Louise de Beauvais, et Gaucher, Françoise de Beauvais. De Claude on ne savait rien de plus, et de Gaucher, seulement qu'il testa en 1510 et laissait trois fils, Jacques, Israël et Jean Zacharie. Nous avons découvert, il y a deux mois, dans les minutes de Claude Sochon, notaire à Gap, de 1577 à 1581, deux actes résumés ci-après, qui confirment quelques-uns des renseignements ci-dessus et nous apprennent : 1° qu'en septembre 1578, Claude et Gaucher Farel étaient morts, ainsi sans doute que la femme de Claude, Louise de Beauvais et, peut être aussi, un des fils de Gaucher, Israël; 2° que Claude avait eu au moins quatre filles, dont trois étaient mariées à cette date.

Le premier acte est du 26 septembre 1578. C'est une quittance donnée par noble Jean Zacharie Farel, écuyer de Senarclens, bailliage de Morges, tant en son nom que comme procureur de noble Françoise de Beauvais, sa mère; de noble Jean de Bretignier donzel (damoiseau) de Lille, mari et conjoint de noble Marthe Farelle sa femme; de Pierre Vaulet de Grandson et de Suzanne Farelle, mariés, le dit de Bretignier étant tuteur d'Elisabeth Farelle, soeur des dites Marthe et Suzanne, susnommées; de Jacques Solliard bourgeois de Cossonay, et de Marie Farelle, mariés; icelles Elisabeth, Marthe, Suzanne et Marie Farelles, héritières universelles de feu Claude Farel, ainsi qu'il a fait apparoir par une procuration reçue par maistre Jean Grinser, de Cossonay, notaire public au bailliage de Morges, terre de messieurs de Berne. La quittance est donnée à Gaspard Gaillard, bourgeois de Gap pour une somme due depuis 1573.

A cette quittance est jointe la procuration dont il est question dans le texte précédent; elle est datée du 3 septembre 1578. Elle est donnée par la main de Jean Grinsor, de Cossonay, notaire au bailliage de Morges, par Françoise de Beauvais, veuve de Gaucher Farel en son vivant donzel (damoiseau) de Senarclens; Jean de Brétignier, donzel de Lista, Marthe, sa femme et Suzanne Farelle, étant en état de minorité. Ils créent leur procureur Jean-Zacharie Farel, fils de Gaucher. Un frère de Jean-Zacharie, nommé Jacques Farel, y parait également. Cette procuration a pour but de toucher le prix de vente des biens de la famille Farel qui ont été vendus, à Gap, le 11 juillet 1556 et dont les événements n'ont pas permis aux vendeurs d'être remboursés. Elle est passée au château de Senarclens, en présence de noble Pierre Chevrier, Jean Barral et Guillaume Chamol, bourgeois de Cossonay.

Nous savons donc maintenant que Claude Farel avait eu de Louise de Beauvais Marthe, mariée à Jean de Brétignier, damoiseau de Lille ou Lisle; Suzanne, mariée à Pierre Vaulet de Grandson; Marie, mariée à Jacques Solliard, bourgeois de Cossonay; Elisabeth, non mariée en 1578.

Le registre du notaire Sochon nous apprend, au surplus, que si une grande partie de la famille Farel s'était expatriée, il restait encore en 1577 à Gap des Farel protestants; en effet nous voyons, le 20 février 1577, Jean Vial, capitaine protestant, épouser Catherine Farelle, fille de feu Pierre Farel, de Gap, et d'Alexandre de Caseneufve; ils se marient à la manière des fidèles chrétiens et l'ordre de l'église réformée. Cette famille Vial, qui fut anoblie par l'influence de Lesdiguières et qui posséda en Dauphiné les seigneuries de Daillon et d'Alais, dont elle porta le nom, resta ferme, malgré la révocation de l'édit de Nantes, dans la foi protestante et s'est éteinte au commencement de ce siècle seulement.

J. ROMAN
Source :

BnF/Gallica : Société de l'histoire du protestantisme français. 1888 (T. 37), page 80. http://gallica.bnf.fr/document?O=N065778

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