BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36603q/f200.table
Armes : de gueules, au lion d'argent.
Devise : Noli Irritare Leonem.
Sobriquet du roi René : Simplesse
Supports : deux lions.
Couronne ducale.
Manteau de pair.
La maison de Sabran, que Nostradamus fait descendre de Stilicon, général de l'empereur Honorius, est une des plus illustres de Provence. Elle eut d'abord pour berceau le Languedoc, où, dès le XIe siècle, elle possédait la ville d'Uzès et la baronnie de Sabran. Ses plus anciens auteurs connus sont Emenon et Guillaume de Sabran, dont les noms figurent dans les chartes et les actes publics, en 1029, et qui furent présents, en 1066, à une donation que Raimond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, fit à l'abbaye de Cluny.
Guillaume II de Sabran suivit ce comte, son suzerain, à la première croisade. Il est cité par les chroniqueurs comme un des plus vaillants guerriers de cette armée de héros. L'histoire rapporte deux de ses plus brillants exploits. A Antioche, le 3 juin 1098, il défendit avec six chevaliers un pont qu'attaquait l'armée des Sarrasins, et l'année suivante, lorsque les croisés donnèrent l'assaut à Jérusalem, il fut un des trois premiers qui plantèrent leur bannière sur la crête des remparts.
On trouve ensuite, entre autres personnages illustres, Guillaume, Rostaing et Giraud-Amic , tous trois successivement connétables de Toulouse, le premier de 1158 à 1199, le second de 1199 à 1207, le troisième en 1209.
Peu de temps après, la maison de Sabran vint s'établir en Provence, où elle posséda le comté de Forcalquier en toute souveraineté et les baronnies d'Ansouis et de Beaudinar. Elle eut aussi de grands établissements dans le royaume de Naples, où les comtés d'Ariano, d'Apici et d'Ascoli lui appartenaient.
Elle contracta en Provence deux alliances souveraines. Giraud-Amic de Sabran, connétable de Toulouse, auteur de la branche de Sabran-Forcalquier, épousa Alix, fille de Bertrand Ier, comte souverain de Forcalquier. Quelques années après, Raines de Sabran, Cousin de Giraud-Amic, se maria avec Garsende, fille unique et héritière de Guillaume IV, comte souverain de Forcalquier, et de Marguerite de Bourbon. Le comté de Forcalquier, qui s'étendait d'Embrun à la Durance, appartenait à une branche cadette de la maison de Provence. Raines de Sabran posséda donc un Etat important et complètement indépendant de toute suzeraineté ; mais il n'eut de son union avec Garsende que deux filles, dont l'aînée, Garsende de Sabran, eut en partage le comté de Forcalquier, qu'elle apporta en dot (1193) à Alphonse II d'Aragon, comte-roi de Provence et d'Arles, frère du roi d'Aragon et oncle du célèbre Pierre, tué à Muret ; la cadette, Béatrix de Sabran, recueillit les comtés de Gap et d'Embrun et se maria, en 1195, avec André de Bourgogne, dauphin de Viennois.
De son union avec Alphonse d'Aragon, Garsende n'eut qu'un fils, Raimond Bérenger IV, le plus grand des souverains de Provence. Après une jeunesse très agitée, ce prince, secondé par des ministres habiles, Romée de Villeneuve et Guillaume de Cotignac, tint avec vigueur les rênes du gouvernement, créa l'unité de la Provence par l'abaissement des barons et des républiques indépendantes, protégea les lettres et les arts et promulgua des statuts qui formèrent un véritable code. Il épousa Béatrix de Savoie, dont il eut :
- Marguerite de Provence, femme du roi saint Louis ;
- Eléonore, qui épousa Henri III, roi d'Angleterre ;
- Sanche, mariée à Richard d'Angleterre, comte de Cornouailles, depuis roi des Romains et empereur d'Allemagne ;
- Béatrix, qui épousa Charles d'Anjou, roi de Naples, frère de saint Louis, et lui apporta en dot les comtés de Provence et de Forcalquier.
Un neveu de Garsende, Guillaume IV de Sabran, fils de Géraud-Amic de Sabran et d'Alix de Forcalquier, soutint en 1218 une guerre acharnée contre Bérenger IV, comte de Provence, auquel il prétendait enlever le comté de Forcalquier. Pendant plusieurs années il exerça tous les droits de souveraineté et érigea des fiefs, entre autres le vicomté de Cadenet. Vaincu, il obtint (1220) une paix des plus honorables. Raimond Bérenger lui donna plusieurs terres importantes en toute propriété et lui permit de conserver le titre de comte de Forcalquier. Guillaume, de son coté, renonça à ses prétentions sur ce comté.
Elzéard de Sabran, neveu de Guillaume et fils de Louis, seigneur d'Ansouis, suivit, en 1264, Charles d'Anjou à la conquête de Naples. C'était un des généraux qui commandaient à la bataille de Bénévent (1266) et un des cent chevaliers désignés pour le fameux duel entre Charles d'Anjou et le roi d'Aragon. Avant cette époque la souche de la maison de Sabran s'était divisée en quatre branches principales :
- Celle des connétables (l'aînée), qui se qualifient par la grâce de Dieu connétables du comté de Toulouse ; elle s'est éteinte dans la maison de Provence.
- Celle des comtes titulaires de Forcalquier, qui s'éteignit en 1487 dans la maison de Brancas-Céreste.
- Celle des seigneurs d'Uzès éteinte en 1389, dont était Rostaing de Sabran, évêque d'Uzès (13 janvier 1284).
- Celle des comtes d'Ariano, si célèbres à Naples et en Provence pendant le XIVe siècle ; elle produisit plusieurs personnages illustres, entre autres : Ermangaud de Sabran, grand justicier du royaume de Naples, auquel le roi Charles II donna le comté d'Ariano et la ville de Pouzzoles, « non tanto, dit Carlo de Lellio, Per la stretessa del vincolo della sangue, quanto per il signaleti servigi da lui a qual represtate ». Sébile de Sabran, soeur Ermangaud, fut la mère de sainte Rosseline de Villeneuve et d'Hélion de Villeneuve, grand-maître de l'ordre de Rhodes.
Ermangaud de Sabran avait épousé 1° Laudime d'Albe de Roquemartine ; 2° Alix de Baux, fille de Bertrand, sire de Baux, comte d'Avelino et de Montescagioso, et de Philippine de Poitiers (quelques auteurs lui donnent au contraire pour mère Béatrix de Naples, fille de Charles II, roi de Sicile et de Hongrie, qui fut la seconde femme de Bertrand de Baux. Du premier lit, Ermangaud avait eu Elzéar de Sabran, seigneur d'Ansouis, comte d'Ariano, né à Ansouis en 1295, gouverneur du duc de Calabre et ambassadeur à Paris, où il mourut en odeur de sainteté (1323). Il fut canonisé en 1368 par le pape Urbain V, son neveu et filleul, avec sa femme Delphine de Signe, dame de Puimichel.
Ermengaud eut du second lit : Euphélise de Sabran, mère du pape Urbain V, et Guillaume de Sabran, comte d'Ariano, qui recueillit la succession de son demi-frère, mort sans postérité, et qui fut capitaine général dans les terres de Labour, le comté de Molizze et l'Abruzze. Guillaume épousa 1°. Roberte de Saint-Georges, héritière du comté d'Apici, dont il eut Louis, comte d'Ariano, qui suivra ; 2° Françoise de Celano, dont sont issus Jean de Sabran, auteur de la branche des barons d'Ansouis, rapportée plus loin, et Elzéar, évêque de Chieti, cardinal en 1378 et grand pénitencier.
Louis de Sabran, comte d'Ariano, d'Apici et d'Ascoli, soutint énergiquement la reine Jeanne de Provence contre le roi de Hongrie. Il épousa 1° Marie de Marzano, héritière du comté d'Ascoli, et leur fille Roberte se maria en 1410 avec Benoît Acciajoli de Florence, fils de Nicolas d'Angiolo, comte de Melce, grand sénéchal du royaume de Naples et seigneur de Corinthe (Grèce) 2° Marguerite de Saint-Séverin, fille de Roger, comte de Mileto, grand maréchal de Naples, dont il eut Elzéar, qui suit.
Elzéar de Sabran, comte d'Ariano et d'Apici, devenu grand maréchal du royaume de Naples, suivit la même ligne de conduite que son père, et lors des révolutions napolitaines, sous le règne de Ladislas, il fut un des six membres du conseil de régence. Il épousa Catherine, fille de Jacques d'Arcussia, comte de Menerbino, grand chambellan de Sicile et de Mirabella.
Hermengaud II de Sabran, leur fils, dernier comte d'Ariano et d'Apici, grand maréchal du royaume de Naples, ayant soutenu le parti provençal contre la reine Jeanne II, fut privé par elle de tous ses biens et dignités (1417). Il avait épousé, en 1389, Altabela Caraffa, dont il n'eut pas d'enfants.
- Celle des barons d'Ansouis, éteinte en 1614, issue de Jean de Sabran, grand chambellan de la reine Jeanne en 1350, fils de Guillaume de Sabran, comte d'Ariano, et de Françoise de Cellana, sa seconde femme.
- Celle des barons de Baudinar, qui, formée en 1444 par un cadet des barons d'Ansouis, a fourni plusieurs personnages célèbres, entre autres Pierre de Sabran, auquel le roi François Ier écrivit : « Mon cousin le duc d'Ariano » ; il suivit ce prince en Italie et tâcha de recouvrer les biens de ses ancêtres au royaume de Naples. L'expédition ayant échoué, il dut renoncer à ses prétentions. Cette branche a aussi donné un lieutenant général des armées du roi, commandeur de saint Louis ; un aumônier du roi et Maxime de Sabran, évêque de Nancy en 1777, de Laon en 1780, duc et pair ecclésiastique et grand Ermangaud de la reine.
- Celle des seigneurs d'Aiguine, Canivers Canjuers et Chanteraine, cadette de la précédente, et éteinte à la fin du XVIIIe siècle, dont était Jean-Louis de Sabran grand sénéchal de Digne (1700), marié à Julie de Pontevès.
- Celle des seigneurs du Biosc et de Beauregard, comtes, marquis et ducs de Sabran , formée en 1680, qui a donné Jean Honoré, comte de Sabran , officier de galères, chambellan de S. A. R. le duc d'Orléans, marié à Charlotte de Foix-Rabat ; Gaspard, marquis de Sabran, qui ajoutait à ses titres ceux de comte de Forcalquier et d'Ariano, et qui était, en 1738, mestre de camp d'un régiment de cavalerie de son nom ; une abbesse d'Origue Saint-Benoît, en Vermandois (voir commentaire au bas de la page).
En résumé, la maison de Sabran a donné un chevalier croisé ; un cardinal- grand pénitencier et six évêques ; trois connétables des comtes de Toulouse ; un grand justicier du royaume de Naples ; un Saint et une Sainte ; un ambassadeur du roi de Naples à Paris; deux maréchaux du royaume de Naples ; deux grands sénéchaux; deux lieutenants généraux ; plusieurs maréchaux de camp ; colonels et officiers de marine très distingués ; un régiment de cavalerie du nom de Sabran, 1738 ; trois chevaliers de Malte.
Voir aussi :
1 commentaire:
Mr Pierre Coester me signale qu'il s'agit sans doute d'Origny Sainte-Benoite.
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