05 avril 2008

La maison du Guesclin

Cette maison, illustrée par le célèbre connétable, s'est appelée tour à tour Waglip, Gayclip, Guarplic, Guerplic, Glerquin, et dans les chroniqueurs Claquin, Glaquin, Glayequin, etc.; ce qui prouve combien il faut attacher peu d'importance aux variations constantes et souvent radicales que présentent les noms propres. Son origine ne montre pas moins d'incertitude. Le Père Anselme lui donne pour premiers auteurs Richer, vivant au VIe siècle dans le manoir de Gaiplic, et Clamaroch, son fils, qui donna à l'abbaye du Mont Saint-Michel diverses terres par un acte dont Geoffroy de Dinan, son seigneur suzerain, fut un des signataires.

Le Nobiliaire de Bretagne, de M. de Courcy, contrairement à l'opinion du Père Anselme, fut descendre le connétable du Guesclin de Salomon, bâtard de Dinan, en 1039. Ces contradictions font voir quelle circonspection il faut apporter quand il est question des degrés généalogiques de la plupart des grandes maisons elles-mêmes antérieurement au XIIe et souvent au XIIIe siècle.

Geoffroy Waglip, au retour de la Terre sainte en 1180, confirma une donation que sa mère Floride avait faite trente ans auparavant à l'abbaye de la Vieuville. C'est en vertu de cet acte que le nom et les armes des du Guesclin ont été mis dans les salles des Croisades au musée de Versailles.

La filiation donnée par le Père Anselme (tome VI, page 178) ne commence à être authentique, à donner le nom des femmes et à mentionner les alliances, qu'à partir de Pierre du Guesclin, IIe du nom, chevalier, seigneur du Plessis-Bertrand, et de Bertrand IV, son frère cadet, qui forment dans cet ouvrage le huitième degré. Pierre II épousa :
  1. Mahaud de Broons, fille et héritière de Robert, seigneur de Broons ;
  2. Alix, dont il eut Thiphaine du Guesclin, mariée à Bertrand de Châteaubriand;
  3. Jeanne de Montfort, dame de Largentaye, de Plancoet et de Montbrau en Lamballe, dont il eut Pierre du Guesclin, fait prisonnier à la bataille d'Auray en 1364 par Guillaume Latimer, et marié à Julienne de Denonval ; de cette union était issue une fille unique, Thiphaine du Guesclin, femme de : A. Jean de Beaumanoir (assassiné le 14 février 1385, jour du mardi gras, par son métayer, dont il avait séduit la fille); B. Pierre de Tournemine.
  1. Bertrand IV du Guesclin, frère puîné de Pierre II, mentionné plus haut, épousa Jeanne de Broons, soeur de Mahaud, dont il eut : 1° Guillaume, qui suit ; 2° Hugues du Guesclin, qui porta la bannière à la croisade des rois de Castille et de Portugal contre les infidèles, et combattit à Salado le 30 octobre 1340 ; 3° Marie du Guesclin, femme d'Hervé, seigneur de Mauny.

  2. Guillaume du Guesclin, seigneur de Broons, veuf sans enfants d'Alix de Dinan, se remaria avec N... de Beaumont. Du second lit il eut 1° Robert, qui suit ; 2° Bertrand du Guesclin, auteur de la branche de la Roberie, rapportée ci-après ; 3° Olivier du Guesclin, seigneur de la Ville-Anne, chevalier, qui obtint, le 31 décembre 1344, de Charles de Blois des lettres de rémission pour les excès qu'il avait commis dans les guerres de Bretagne ; 4° Jeanne du Guesclin, femme de Guillaume de Budes.

  3. Robert du Guesclin, chevalier, seigneur de Broons, suivit le parti de Charles de Blois et de Jeanne de Bretagne contre le comte de Montfort, et mourut en 1353. Il avait épousé Jeanne Malesmains, dame de Sens en la seigneurie de Fougères, fille de Fouques Malesmains, seigneur de Sens et de Vieuxvy. Leurs enfants furent : 1° Bertrand, qui suit ; 2° Olivier du Guesclin, comte de Longueville, seigneur de la Guerche, de Broons, de la Rochetesson, etc., qui servit dans les guerres de Bretagne et de Flandre de 1360 à 1388, fut connétable de Castille, et vit sa renommée éclipsée par celle de son frère aîné ; il mourut en l'an 1400, ne laissant pas de postérité de son union avec Peronelle d'Amboise, fille d'Ingerger, seigneur d'Amboise, de Montrichard, de Chevreuse, etc., et d'Isabeau de Thouars ; mais on lui donne pour enfant naturel Jean, bâtard du Guesclin, qui servait en 1415 ; 3° et 4° Guillaume et Robert du Guesclin, qui servirent dans les guerres de Bretagne, et moururent sans alliance, 5° Julienne du Guesclin, religieuse, qui, s'étant réfugiée à Pontorson chez sa belle-soeur, repoussa l'assaut des Anglais et sauva le château en renversant leurs échelles ; 6°-7° Louise et Jeanne ; 8° Colette du Guesclin, femme du seigneur de Saint-Jean ; 9° Agathe du Guesclin, religieuse ; 10° Clémence du Guesclin, qui, veuve de Raout, seigneur de Beauchamp, se remaria à Fralin de Husson, seigneur de Ducé.

    N. B. Louise du Guesclin, d'après des documents domestiques où elle est appelée Loyette, paraît avoir épousé en 1350 Pierre de Fourneau, chevalier, seigneur dudit lieu, originaire de Normandie, dont les descendants actuels figurent dans l'Annuaire de la noblesse de Belgique sous le nom de Fourneau de Cruyckenbourg.

  4. Bertrand, devenu si illustre sous le nom de connétable du Guesclin, servit en 1342 au siège de Rennes, et s'attacha, comme son père, au parti de Charles de Blois. Ses exploits, qui ont été célébrés dans un poème et dont le récit a fourni la matière de nombreux volumes, peuvent se résumer ainsi : siége de Vannes, 1342 ; défense du château de la Noë, en 1353 ; prise de Fougeray et ravitaillement de Rennes, en 1356 ; prise de Carhaix et de la Rochetesson, en 1363 ; victoire de Cocherel, 1364 ; expédition en Espagne, prise de Tolède, Cordoue et Séville, 1366 ; victoires de Saint-Maur et de Bressuire, 1370 ; reddition de Montreuil-Bonnin, Chizay, Niort, Lusignan, et conquête du Poitou, de l'Aunis et de la Saintonge, 1372 ; prise de Fougères, Rennes, Dinan, Ploermel, Vannes, etc., en 1373 ; expédition de Guyenne, 1374 ; Pont-Audemer et Mortain obligés de se rendre, 1377 ; seconde campagne en Guyenne, et prise de Bergerac, Castillon et Duras, 1378 ; mort de du Guesclin devant les murs de Châteauneuf-Randon, dont les clefs furent déposées sur son cercueil, en 1379. En récompense de ses services, il avait reçu en don le château de la Rochederien, le gouvernement de Pontorson, la seigneurie de la Rochetesson, le comté de Longueville, ceux de Tristemare et de Soria, et le duché de Molina en Espagne, la vicomté de Pontorson, etc. Armé chevalier en 1355, il fui créé maréchal de Normandie en 1364, connétable de Castille en 1368, de France en 1370. Deux fois, entraîné par sa bouillante ardeur, il fut fait prisonnier par les Anglais à la bataille d'Auray en 1364 et à Navarret en 1367. Veuf en 1371 de Thiphaine Raguenel, fille de Robert Raguenel, seigneur de Chastel-Oger, et de Jeanne de Dinan, il se remaria avec Jeanne de Laval, dame de Tinteniac, de Becherel et de Romillé, le 21 janvier 1373. Il ne laissa pas de postérité de ces deux unions; mais on lui donne pour fils naturel Michel, bâtard du Guesclin, qui servait en Normandie en 1379, en Flandre en 1383.
Avec le connétable Bertrand du Guesclin s'éteignit la descendance directe de la branche aînée. Mais il s'en était détaché une branche, celle des seigneurs de Vauruzé et de la Roberie, qui est issue d'un oncle du connétable et qui s'est alliée avec les familles Blanc de la Roberie, Pépin, Bouillé, la Morelière, Ancenis, Morin de la Porte, Sévigné, Denée de la Motte, de Gennes, Haussart de Bours et de Boucheron, Auvé de la Ventrouze, des Vaulx de Levaré, du Chastellier, le Garengier, Chasteigner de la Châteigneraye, Dreux de Brezé, etc.

A cette branche, maintenue dans sa noblesse d'ancienne extraction par arrêt du 15 janvier 1669, appartenaient : Jean du Guesclin, chevalier, qui épousa, le 20 juillet 1430, Jeanne de Sévigné, fille aînée de Guillaume, seigneur de Sévigné, et d'Anne de Mathefelon, dame des Rochers ; Joachim du Guesclin, seigneur du Plantis, écuyer des ducs d'Aumale et d'Elbeuf, député aux états généraux tenus à Paris en 1593 ; René du Guesclin, conseiller au grand conseil en 1638 ; René du Guesclin, seigneur de Beaucé, qui fit enregistrer ses armes (ainsi que ses soeurs Julienne et Marie-Anne) dans l'Armorial général, registre de la généralité de Tours, bureau de Château-Gonthier ; Bertrand du Guesclin (Glesquin), seigneur de la Roberie, dont la veuve, Renée Pépin, fit enregistrer les armoiries en 1697 avec les siennes : d'azur, au chevron componné d'argent et de gueules, accompagné de trois pommes de pin d'or renversées. Bertrand du Guesclin, fils du précédent, fit aussi inscrire dans l'Armorial général son blason avec celui de Renée Gouret, sa femme, qui portait : de gueules, à la fasce d'or. Leurs enfants furent : Bertrand César du Guesclin, qui suivra, et Bertrand Jean Baptiste René du Guesclin, son frère, né le 30 août 1703, chanoine et grand vicaire de l'archevêché de Rouen en 1729, évêque de Cahors de 1741 à 1766. C'est à eux que s'arrête le travail généalogique du Père Anselme (tome VI, page 197).

Bertrand César du Guesclin, seigneur de la Roberie et de Montmartin, son fils, appelé le marquis du Guesclin, né le 12 novembre 1694, capitaine au régiment du Roi, infanterie, puis mestre de camp de cavalerie et premier gentilhomme de la chambre du duc d'Orléans. Veuf en 1723 de Marguerite Rose Dreux, fille de Thomas Dreux, marquis de Brezé, lieutenant général et grand maître des cérémonies de France, il se remaria le 9 février 1728 avec Marguerite Bosc, fille de Jean-Baptiste Bosc, procureur général de la cour des Aides, dont il eut : 1° Philippe du Guesclin, né le 18 décembre 1728, mort au mois de juin suivant ; 2° Françoise Marie du Guesclin, née le 14 juillet 1737, mariée le 4 avril 1758 à Louis Joachim Potier, duc de Gesvres, pair de France, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 7 juillet 1794, dernier rejeton mâle de sa maison. Avec la duchesse de Gesvres s'éteignit aussi le nom de du Guesclin.

Armes : d'argent, à l'aigle éployée de sable, membrée et becquée de gueules, et couronnée d'or. Couronne de marquis. Devise : DAT VIRTUS, QUOD FORMA NECAT.

La branche cadette brisait d'une cotice de gueules, brochant sur le tout.

Source : Annuaire de la noblesse 1871
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k365999/f186.item
Dessin : Fred. Publié avec l'autorisation d'HeraldiqueGenWeb.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Vous affirmez, un peu hâtivement, que le nom de du Guesclin s'est éteint avec la duchesse de Gesvres.
Je suis la preuve vivante du contraire.
Cordialement,

Philippe du Guesclin de Saint-Gilles

Charles a dit…

Bonjour monsieur de Saint-Gilles
Ne nous méprenons pas. Gilles, l'auteur de ce blog n'affirme rien du tout. Il reprend simplement la notice de M. Borel d'Hauterive, bibliothécaire de la bibliothèque Sainte-Geneviève parue en 1871.
Mais peut-être auriez vous l’extrême gentillesse de compléter et/ou corriger cette notice avec quelques détails qui permettront d’éclairer la lanterne des lecteur de ce blog.

Gilles Dubois a dit…

Effectivement, comme le dit très justement Charles, je n'ai fait que reprendre cette notice de l'annuaire de la noblesse. Si vous avez des compléments, ils seront les bienvenus...

Cordialement,
Gilles

Anonyme a dit…

Du Guesclin ? j'ai cru comprendre qu'il s'agit simplement du prénom d'un arrière-grand-père que les Saint Gilles utilisent aujourd'hui comme patronyme.