BILIOTTI, famille établie dans le département de Vaucluse, originaire de Florence, et plus anciennement encore de Lucques ; elle portait dans cette dernière ville le nom de Volpe, Volpi, Vulpelli, et, même, depuis, plusieurs ont ajouté à celui de Biliotti, le surnom de Volpi. Le renard en italien s'appelant Volpe, les armes de cette maison étaient parlantes.
Il est peu de familles italiennes établies en France qui aient une origine aussi ancienne : elle a joué un grand rôle à Florence, et y a occupé les premiers emplois dans le temps de la république. Lors des troubles civils de Florence et de l'élévation des Médicis, elle s'est réfugiée à Avignon et dans le comtat, ainsi que nous l'indiquent les titres et les historiens.
Ugolin Vérini, dans son poème en vers sur les nobles familles de Toscane (De illustratione urbis Florentiœ) imprimé en 1583, livre III, s'exprime ainsi :
Corbinella domus, simul et Biliotta propago,Le Prioriste et les autres registres publics conservés à, Florence, et sur lesquels étaient inscrits, les noms de nobles familles qui avaient occupé des emplois dans le gouvernement, font souvent mention des Biliotti et des Volpi, ou mieux encore des Biliotti-Volpi ; on compte parmi les gonfaloniers de justice, charge qui correspondait du temps de la république à celle de doge à Venise, dix individus du nom de Biliotti ; on en voit beaucoup parmi les prieurs, seigneurs de la Liberté, autre charge ou conseil de la république, de Florence. Il y'a eu des ambassadeurs près les diverses cours de l'Europe, des ministres, généraux d'armées et conseillers, jusqu'aux derniers temps de la république. La chronique florentine fait aussi mention d'évêques et de cardinaux.
Utraque Lucana de nobilitate putata,
In nostram venere urbem sub Othone secundo : (an 980)
Et Biliotta prius, Iuc volpella vocata est,
Gestat adhuc rubr soboles insignia vulpis.
Cette famille était titulaire à Florence d'un majorat ou patronat jus-fidéicommis de l'ordre de Saint-Étienne.
L'an 1198, les Florentins, au nombre de cinq cent vingt-trois, formant le corps de la république, prêtèrent un serment solennel pour l'association, et la sûreté de la Toscane ; l'original de l'acte se trouve aux archives publiques de Florence.
Cet acte a été imprimé dans plusieurs ouvrages, entre autres dans l'Histoire de la maison de Gondi, par Corbinelli, 2 vol. in-4°. Parmi les cinq cent vingt-trois signataires de l'acte d'association, on lit, tome I, pag. 13 des Preuves :
Quartier de Sancta Maria Ughi. III idus, januarii 1198, Forte Bilicotthi.
Quartier de Saint Andrea. III idus, januarii 1198, Deotisalvi Beliocti.
Quartier de Sancto Michaele Berthelde. III idus, januarii 1198, Davitimus Biliotthi.
Quoique l'identité avec le nom de Biliotti ne soit pas complète, il y a trop peu de différence, pour ne pas voir dans cette manière d'écrire une de ces erreurs si communes dans les anciens titres, où les noms propres ne sont presque jamais écrits d'une manière uniforme.
L'an 1256, il y eut un traité de paix entre les Florentins et les Pisans ; ce traité existe aux archives de Florence, il en est parlé dans les historiens, et notamment dans l'ouvrage de Scipion Ammirato. Ce traité, imprimé et rapporté dans l'Histoire de la maison de Gondi, tome I, page 73 des Preuves, nous montre, parmi les conseillers de la république de Florence qui l'ont ratifié, les noms suivants : Machiavelli, Alberti, Octavianus Biliotti, Burnetus Cambii, Rainerius Gondi, Donatus Medicii, Filius Ugolini, etc., etc.
L'historien Benoît Varchi, dans son Histoire delle guerre della republica Fiorentina, in-folio, Leyde, page 270, en faisant l'énumération de la puissance et de la prospérité des Florentins, cite comme beaux palais et édifices particuliers remarquables, ceux possédés par les Pitti, Medici, Pazzi, Strozzi, Salviati, Aldobrandini, Perruzzi, Biliotti, Corsini, Acciaioli, Seristori, etc., etc.
L'an 1268, Charles d'Anjou, après la mort de Frédéric d'Autriche, et de Conradin, empereur d'Allemagne, devenu paisible possesseur des royaumes de Naples et de Sicile, voulut changer de caractère, et combler de bienfaits des peuples qui avaient longtemps gémi de ses cruautés ; il commença par la noblesse qui lui avait été fidèle, et parmi les dons qu'il lui fit, Biliotti, de la ville de Bénévent, baron de Léporano, fut gratifié des baronnie de Galutola et de Maglia, avec d'autres seigneuries dans la Calabre et la terre d'Otrante. Charles de Lellis, dans son Histoire de la Noblesse de Naples et de Bénévent, dit que les Biliotti de Bénévent ont la même origine que ceux de Florence. V. Zazzaro, Basso, Piperno, et autres auteurs napolitain.(Histoire manuscrite de Florence, page 342.)
Vincent Borghini, historien soigneux dans se recherches, dit dans ses discours sur les armes, la noblesse et les monnaies de Florence, que les Biliotti ont pour armes un renard, et que leur ancien nom était Volpi. Parlant ensuite de Sandro, ou Alexandre Biliotti, qui fut maître de la monnaie, il ajoute qu'on le voit sur les tombeaux de cette maison, dans la vieille église du Saint-Esprit à Florence. Le même auteur, page 104, des armes et nobles familles, et page 248, des monnaies de Florence, partie 2 de se discours imprimés à Florence en 1585, dit également que l'an 1339, Sandro Biliotti étant grand-maître de la monnaie, plaça ses armes et la lettre S initiale de son prénom sur les monnaies au coin de la république de Florence. Il est fait mention de ces écus d'or aux armes des Biliotti dans le Dictionnaire historique, géographique, etc., etc., imprimé à Avignon chez Chambaud, 1760, tome IV, article Florence.
Ces monnaies, un des titres les plus précieux et les plus authentiques de noblesse, d'illustration et d'ancienneté, ont exhibées par deux chevaliers de Malte des maisons de Guast et de Marcel-Crochans, petits-fils d'une Biliotti, pour preuve de l'ancienne noblesse de nom et d'armes de la maison de Biliotti, et des ascendants paternels de ladite dame.
Nous ignorons si les orages révolutionnaires n'auront point enlevé ces monnaies des mains de cette famille, mais il en existe encore à Florence. Voyez l'Histoire des monnaies de Florence par Ignazio Orsini, 1760, in-4.°, p. 12, 31, 310, etc.
Les preuves pour la réception à Malte de MM. de Guast, et de Marcel-Crochans, sont de 1648 et 1654. Le procès-verbal en faveur de Jean-Charles de Guast, dans lequel celles de la maison de Biliotti se trouvaient, a été commencé le 24 octobre 1654, et fini le 30 dudit mois, par frères Horace de Blacas-Aups et Jean-Baptiste de Thomas Millaud, commandeurs dudit ordre, écrivant Combe, notaire et secrétaire au Thor.
L'Histoire de Provence de César Nostradamus, in-folio, Lyon, 1614, donne l'origine et la filiation de la plupart des anciennes familles ; en parlant de celles qui, venues de Florence à Avignon (pages. 3 et étaient réputées les plus illustres et les plus recommandables, il fait connaître leurs armoiries, qui sont gravées à la marge de l'ouvrage, et cite, d'après Jacques Nardi (Histoire de Florence), le nombre de gonfaloniers de justice, depuis l'an 1300, qu'ont fournis cinq ou six familles dont la postérité existe encore aujourd'hui, tels que les Cambi, les Peruzzi, les Anselmi, les Biliotti, les Baroncelli.
Il est à remarquer que le Biliotti et les Baroncelli n'ont jamais altéré l'orthographe italienne de leur nom, et qu'aucune lettre ajoutée ou changée n'en a fait varier la prononciation, tels que Anselme pour Anselmi ; Donnis, Cambis, Pérussis, etc., etc., etc., pour Donni, Cambi, Perui. Les Français croyaient ennoblir leur origine en donnant un air étranger à leur nom, tandis que les étrangers au contraire se plaisaient quelquefois à franciser le leur.
Les armes de la maison de Biliotti se voyaient à Avignon, au couvent de Sainte-Claire, dans l'église paroissiale de Piolenc, et à Paris dans l'église métropolitaine de-Notre-Dame, à la chapelle des Gondi, avec lesquels la famille de Biliotti avait eu deux alliances actives et passives ; elles étaient mises en couleur, avec celles de Médicis, sur un parchemin contenant des exemptions et des privilèges accordés par Léon X aux Biliotti, Peruzzi, etc., etc.
Les monuments publics qu'on a cités ou qu'on rapportera encore ne prouvent pas seulement l'origine, les noms, les armes et la transmigration de la famille Biliotti, mais ils rendent témoignage à son ancienne noblesse, qui a été authentiquement attestée par les lieutenants et conseillers de François de Médicis, grand duc de Toscane, par un acte public en forme, du 31 juillet 1579, adressé au roi de France Henri III, sur la noblesse de la maison de Gondi et de ses alliés, parmi lesquels les Biliotti sont énoncés. (Histoire de la maison de Gondi, page 523 et suivantes, vol. 2.) Cet acte y est tout au long, et sert de réponse à la lettre écrite par Henri III au gouvernement de Florence le 14 avril 1579, pour avoir des renseignements sur la famille de Gondi et celles qui lui étaient alliées, et sur l'usage établi à Florence pour constater la noblesse et sa filiation ; cette pièce fut produite au roi de France lorsqu'il voulut décorer la maison de Gondi de l'ordre du Saint-Esprit.
M. d' Hozier, juge d'armes de France, atteste aussi l'illustration et la noblesse des Gondi et de ses alliés. Voyez ses remarques sommaires. Voyez aussi les procès-verbaux d'examen des preuves pour l'admission aux écoles militaires, déposées à la bibliothèque royale, aux manuscrits, vol. 9, 16, 18, lesquels contiennent un sommaire de beaucoup d'actes, et remontent la généalogie jusqu'à Zénobi de Biliotti, père de Jean, qui vint s'établir à Avignon sur la fin du quinzième siècle.
On voit, au livre 20 des délibérations et décrets du sérénissime grand duc de Toscane, existant en original dans la chancellerie ducale, un arrêt rendu le 22 avril 1659, sur la demande de l'archevêque de Paris, Jean-Charles-François de Gondi, cardinal duc de Retz, au sujet de la noblesse des familles auxquelles la maison de Gondi avait été alliée, tendante à faire déclarer que ces familles étaient nobles et patriciennes de Florence, habiles et capables d'obtenir tous les emplois et toutes les dignités et honneurs qu'il pouvait y avoir, etc., etc. Cet acte et un autre arrêt encore plus détaillé, rendu le mars 1659, attestent la noblesse des Biliotti ; ils sont relatés en entier dans l'Histoire de la maison de Gondi, tome I, pag. 220, 223, etc., etc.
Françoise de Biliotti, fille de Christophe, fils de François, fut mariée en 1419 avec Léonard, fils de Léonard, fils de Simon, fils de Geri de Gondi, d'où sont descendus les Gondi, ducs de Retz.
Altérius Biliotti, après avoir été nommé en 1515 à l'évêché de Todi par le pape Léon X, s'en démit l'an 1523. Dictionnaire canonique et dogmatique du père Richard, tome V, art. Todi.
Augustin Dathi, de Sienne, fait souvent mention dans ses ouvrages d'un Dominique Biliotti, chanoine de l'église de Sienne ; et on voit par ses lettres latines imprimées (1503 in-fol.) la considération qu'il avait pour lui, et combien il appréciait son suffrage comme écrivain.
L'historien Benoît Varchi, dans son Histoire de Florence, fait mention d'un capitaine Ivo Biliotti, qui combattit vaillamment le prince d'Orange, et soutint avec gloire les derniers moments de l'indépendance de sa patrie. Après l'établissement du grand duc de Toscane, il passa au service de France, et fut tué au siège de Dieppe.
Dom Eugène Gamurini et plusieurs autres auteurs italiens, font connaître les alliances de la famille de Biliotti avec les maisons les plus considérables d'Italie, tels que les Gondi, les Salviati, les Peruzzi, les Strozzi, etc., etc.
En général, il est très difficile d'établir une filiation, bien positive qui remonte à plusieurs siècles, et très peu de familles en France ont l'avantage d'avoir conservé trois actes en dues formes qui établissent le rang et l'ordre de la filiation de chaque individu ; les révolutions, naturelles, les accidents, les guerres civiles les malheurs ou la dispersion des familles, leur migration et les vicissitudes de leur fortune, sont autant de causes qui concourent à obscurcir leur origine, et à rendre en quelque sorte conjecturale la science généalogique, lorsqu'elle veut remonter trop loin ; c'est seulement par induction qu'on peut considérer comme descendant, l'individu dont le nom se retrouve avec une certaine ressemblance dans les fastes de l'histoire. En Italie cette filiation s'établissait avec moins de difficultés, d'abord par les soins du gouvernement, qui, dans des registres publics nommés prioriste, livre d'or, etc., etc., conservait l'identité des noms ; et puis par l'usage où l'on était de relater à la suite du nom d'un individu, celui de deux, trois, quatre ascendants, et quelquefois plus.
Il existe encore à Florence une branche de la maison de Biliotti ; mais nous ne devons nous occuper que de celle qui est établie en France.
Généalogie de la branche des Biliotti, établie dans le comtat depuis plus de trois siècles.
- BENCIVENNI ou BENVENUTI VOLPI, est le plus ancien qui soit connu comme le chef de la maison de Biliotti ; il vivait au commencement du treizième siècle : on ignore ce qui donna lieu à son changement de nom ; on pourrait croire qu'il épousa une fille de la famille de Biliotti de Bénévent ; mais Charles de Lellis, dans son Discours sur les nobles familles de Naples, infirme ce sentiment, puisqu'il ne parle point de cette alliance : il donne la généalogie de cette famille, page 233 et suivantes. Il relate ses armes d'azur à un serpent à deux têtes, avec la devise bino capite luctans. Ces armes n'ont aucun rapport avec celles des Biliotti, et cependant le même auteur dit, d'après d'autres, que les Biliotti de Bénévent sont les mêmes que ceux de Florence : la conformité seule de nom peut avoir dirigé l'opinion des auteurs. Quoi qu'il en soit, Bencivenni Volpi eut des fils qui furent connus, ainsi que leur postérité, sous le nom de Biliotti.
- Octavianus Biliotti fut conseiller de la république, et ratifia le traité de paix avec les Pisans en 1256 ;
- Lotto, ou Biliotto-Biliotti, qui suit ;
- Simon Biliotti ; il eut un fils nommé Jean, prieur de la Liberté en 1297.
- LOTTO ou Biliotto-Biliotti, second fils de Bencivenni Volpi. Il est désigné dans le Prioriste et dans l'Histoire de Florence de Scipion Ammirato, vol. I, liv. 4, page 197, année 1295. Un zèle patriotique le porta à prendre le parti du peuple que la noblesse voulait opprimer, il fut assailli et blessé par cinq individus de la famille des Cavalcanti ; ce démêle, dont plusieurs historiens ont parlé, fut bien puni par les magistrats, mais donna naissance à la haine qui divisait les deux familles. Gamurini, dans son Histoire de la noblesse de Toscane et d'Ombrie, en parlant des divisions de certaines familles, et qui étaient ensuite partagées par leurs enfants, cite comme exemple celle qui existait entre les Biliotti et les Ceffini de San-Simone en Toscane. Mathieu Biliotti, et Cenni, qui suit, sont désignés dans le Prioriste comme enfants de Biliotto-Biliotti. Mathieu Biliotti, di Biliotto-Biliotti, ainsi qu'il est désigné dans le Prioriste, occupa plusieurs fois les premières places de l'Etat de Florence. On le voit prieur de la Liberté en mai et juin 1299, en 1303, en 1315 et en 1316. L'an 1309, il fut envoyé en ambassade extraordinaire Avignon, auprès du pape Clément V, pour obtenir, la levée de l'interdit lancé sur la ville, de Florence, et sa mission eut un heureux succès.
Voyez les diverses Histoires de Florence et d'Avignon, et, entre autres, Scipion Ammirato,
tome I, page 241, année 1309. - CENNI Biliotti, di Biliotto-Biliotti, fut prieur de la Liberté en 1304 et 1309 ; il eut plusieurs enfants :
- Barthélemy, qui suit ;
- Sandro Biliotti, dont l'Histoire de Florence fait souvent mention, qui remplit plusieurs charges et commissions importantes, qui fut grand-maître de la monnaie en 1339, et y plaça l'écu de ses armes ;
- François, dont la postérité s'est éteinte dans la maison de Gondi ;
- Dominique ;
- Thomas.
- BARTHÉLEMY, nommé dans le Prioriste Bartholomeo, di Cenni BILIOTTI, fut plusieurs fois prieur-seigneur de la Liberté ; en 1351 il fut député avec Paul Altoviti, pour réformer les vallées du Mugello et de Grève, et ramener l'ordre dans ces contrées. Il eut deux fils :
- Jean, qui suit ;
- Gauthier, dont la branche est éteinte. Nicolas Biliotti, religieux dominicain à Florence un des descendants de Gauthier, fut un des quatre que le gouvernement grand-ducal n'avait pas exilés. Tous les autres religieux furent renvoyés, parce qu'ils renouvelaient le sentiment du fameux père Savonarola en faveur de la liberté du peuple florentin. Les trois qui restèrent avec lui sont : François Médici, Dominique et Mathieu Strozzi, ainsi que le rapporte Megliore dans son, ouvrage intitule Firenze illustrata, pag. 228, an 1556.
- Jean Biliotti, premier du nom, désigné dans le Prioriste sous le nom de Jiovanni, di Bartholomeo Biliotti, fut prieur-seigneur en 1377 ; du bureau des dix de la guerre en 1388 ; gonfalonier de justice en 1392, et député avec Mathieu Davanzati en 1397, vers les Pisans et les Lucquois, pour accommoder leurs différents, et les engager à prendre les armes contre le duc de Milan. Voyer Ammirato, Histoire de Florence, vol. I, pages 793, 834 et 856. Jean Biliotti eut trois enfants :
- Sandro, qui suit ;
- Gauthier, dont la postérité est éteinte ;
- Pierrette, qui épousa N*** Carducci. Scipion Ammirato, dans son Histoire des nobles familles de Florence, pag. 202, Généalogie de Carducci, rapporte que Pierrette eut quinze garçons et sept filles.
- SANDRO ou ALEXANDRE BILIOTTI est appelé dans le Prioriste Sandro, di Jiovanni Biliotti : il fut, comme le premier Sandro, fils de Cenni (III), son grand-oncle, souvent occupé des affaires de l'Etat, et les historiens de Florence en font souvent mention : il était gonfalonier de justice en 1427, et du bureau des dix de la guerre ; il entra dans le même bureau l'an 1431. Il fut seigneur-prieur en 1434 et 1440 ; gonfalonier pour la seconde fois en 1444, et la même année général des armées de la république. On sait qu'à cette époque Florence, appelée la moderne Athènes, était le centre des richesses du monde, et soudoyait des armées de près de cent mille hommes. Sandro Biliotti laissa une nombreuse postérité :
- Zénobi, qui suit ;
- Augustin, auteur de la branche qui existe à Florence ; sa postérité a été assez nombreuse. Julien, second fils d'Augustin, eut un fils qui épousa Genèvre de Gondi, tome I, page 347 de l'Histoire de la maison de Gondi. Les Biliotti de Piolenc étaient en correspondance avec la branche qui existait il y a quelques années à Florence dans la personne de Laurent et de Joseph de Biliotti ; il y avait dans cette branche plusieurs chevaliers de Saint-Etienne, ordre institué d'après celui de Malte.
- Mathieu, qui n'a point eu d'enfants.
- Nicolas, prieur-seigneur en 1463, nommé dans le Prioriste Nicolas, di Sandro, di Jiovanni. Il épousa Madeleine Salviati.
- ZENOBI BILIOTTI, di Sandro, di Jiovanni, comme il est écrit dans le registre public, fut élu prieur-seigneur en 1455, et gonfalonier de justice en 1471 ; de nouveau, prieur-seigneur en 1486. Il épousa Constance de Guigni, d'une noble et ancienne famille de Florence. Il a laissé plusieurs enfants :
- Louis,
- Dominique,
- François,
- Mathieu,
- Jean de Biliotti, qui suit ;
- Sandro, dont le petit-fils, Ivo Biliotti, est plusieurs fois cité comme un grand capitaine ;
- Camilla, qui épousa Gabriel Strozzi ;
- Laura.
- Giovanno, ou Jean DE BILIOTTI, deuxième du nom, fils de Zénobi, fils de Sandro, naquit à Florence le 7 juillet 1467 ; il vint s'établir à Avignon sur la fin du quinzième siècle : on n'a pas connaissance qu'il ait passé des actes avant l'année 1500 ; mais tous ceux qui existent le désignent ainsi : Nobilis vir Joannes, Zenobii Biliottis Florentinus, civis Avenionensis. Des manuscrits de M. de Cambis-Velleron, sur les nobles familles de Provence, disent que Jean Biliotti vint pour la première fois à Avignon quelques années avant 1500, pour y suivre un procès important ; ce motif fut peut-être un prétexte pour cacher les raisons de politique qui le forcèrent à abandonner sa patrie où sa famille avait une belle existence, et jouait un rôle actif dans toutes les agitations du gouvernement. Il est certain qu'il quitta Florence avec deux de ses frères et plusieurs autres nobles Florentins, après les diverses conjurations contre les Médicis ; et ce qui confirme l'idée que les événements politiques avaient été la seule cause de son éloignement de Florence, c'est que le pape Léon X lui adressa le 30 janvier 1515, ainsi qu'à plusieurs autres, les brefs et autorisations nécessaires pour retourner dans sa patrie. Il paraît que Jean de Biliotti apporta avec lui de grandes richesses ; il y a plusieurs actes d'obligations en sa faveur. Il acquit beaucoup de directes et censes seigneuriales à Avignon, en 1524 et 1526, écrivant Bernard de Garrèto, notaire à Avignon ; lesquelles reconnaissances sont relatées dans les Preuves de Malte du chevalier de Guast, dont il a déjà été parlé. Il acquit des biens à Tarascon, des directes au Thor et à Caderousse, et plusieurs domaines dans les territoires d'Avignon, de Château-Neuf et de Piolenc, lesquels sont encore possédés en partie par ses descendants. Par contrat du 4 octobre 1500, écrivant Mathieu Dalmassi, à Avignon, Jean de Biliotti s'est marié à Angélique de Peruzzi, fille de Rodolphe, et d'Hélène de Fallet ou Faret. Jean de Biliotti a été consul de la ville d'Avignon en 1510 et 1515. Il mourut à Avignon le 4 juin 1530, en ne laissant qu'un fils. Il fut enterré dans l'église des dames de Sainte-Claire, où l'on voyait son tombeau avec ses armes et celles d'Angélique de Peruzzi, sa femme. On lit sur la pierre sépulcrale qui le recouvrait : Hic jacet nobilis vir Joannes Biliottus, natione Florentinus, civis Avenionensis, qui dies suos clausit extremos, anno nostrœ salutis 1530 et 4 junii.
- Joachim DE BILIOTTI, premier du nom, passa en 1525 un contrat d'échange, conjointement avec Jean, son père, écrivant Bernard de Garrèto, notaire à Avignon. Il obtint une sentence favorable en 1553 ; pour un procès qu'il soutenait à la cour de Rome, comme fils et héritier de Jean. Il acquit la coseigneurie de la Garde-Paréol l'an 1556. Joachim de Biliotti fut marié à Hélène de Lause. Il fit son testament le 20 septembre 1580, devant Colin Tache, notaire d'Avignon. Il ordonna à Antoine de Biliotti, son héritier, d'acquitter les legs pies que la dame Hélène de Lause, sa femme, avait faits par son testament du 4 août 1560. Louis de Balma, notaire à Piolenc. Il mourut à Avignon, et fut enterré dans le tombeau de son père. Il eut sept filles et cinq garçons. Joachim Il, son fils cadet, qui suit, est le seul dont la postérité se soit conservée. Antoine Ier, fils aîné et héritier de Joachim, épousa Madeleine de Serres. Il n'eut de ce mariage qu'une fille Angélique de Biliotti, qui épousa, l'an 1602, Torquat de Fortia, seigneur de Cuirol, et qui porta par ce mariage la presque totalité des biens de la maison de Biliotti dans celle de Fortia : Angélique de Biliotti, fille d'Antoine, n'eut elle-même que deux filles Jeanne, qui épousa Michel de Guast ; Suzanne, qui fut mariée à Louis de Marcel-Crochans ; et c'est pour les enfants de ces deux demoiselles de Fortia, filles d'Angélique de Biliotti, qu'ont été faites les preuves pour Malte dont il a été parlé plus haut. Antoine de Biliotti, après la mort de sa femme, embrassa l'état ecclésiastique. Il mourut en 1624. On trouve son éloge funèbre dans les archives du chapitre de la métropole d'Avignon.
- Joachim DE BILIOTTI, second du nom, coseigneur de la Garde, n'eut que les biens de Piolenc dans la succession de son père ; son frère aîné, Antoine, conserva tous les autres biens de sa famille. La fortune de Joachim étant ainsi très bornée, il quitta Avignon, et vint s'établir à Piolenc. Il s'y maria avec Catherine de la Beaume, fille de Pierre, écuyer de la ville d'Orange, par acte du 4 novembre 1756. Jean Bénivadi, notaire. Il concéda quittance pour la dot de Catherine de la Baume, le 27 octobre 1578. - De la Vastre, notaire à Piolenc.
Joachim II fit son testament le 24 juillet 1604, par-devant Pierre Fournier, notaire à Orange, dans lequel il établit Antoine de Biliotti, son fils, héritier universel ; il mourut la même année, et fut enterra dans l'église de Piolenc, devant la chapelle du S.-Esprit, qui lui appartenait, et qui a été le tombeau de ses descendants. - Antoine de Biliotti, fils de Joachim II. Il fut marié avec Delphine de Bertoin, le 19 mars 1611, Mazelli, notaire d'Avignon. Il laissa trois enfants. Voulant conserver le droit de citoyen de la ville d'Avignon, il obtint des consuls des lettres patentes en due forme, du 10 septembre 1643, qui le déclarèrent citoyen de la ville d'Avignon, quoique n'habitant plus cette ville. Il fit son testament le 31 mars 1643, La Baulme, notaire à Carpentras, par lequel il institua Guillaume, son fils, son héritier. Marié une seconde fois avec Marguerite d'André, il eut un fils, Joachim, mort sans postérité, et une fille.
- Guillaume DE BILIOTTI, fils d'Antoine et de Delphine de Bertoin, épousa à Carpentras, le 12 décembre 1651, Isabelle de la Baume, sa parente. Il lui fut délivré une dispense par le vice-légat d'Avignon, le 24 novembre 1651. Voyez les actes de mariage de la cathédrale de Carpentras. Guillaume fit un partage de ses biens avec Joachim, son frère, le 19 avril 1653, écrivant d'Avignon, notaire à Piolenc. Il testa à Piolenc, le 10 septembre 1661, par-devant Esprit Michel, notaire. Il laissa trois enfants, deux filles et Joachim III, qui suit :
- Joachim DE BILIOTTI, troisième du nom, fils de Guillaume, épousa Thérèse de Salvator, de Bollène, dans le Comtat, par contrat passa le 20 mars 1681, Fabre, notaire à Carpentras. Acte du 9 avril 1696, Michel, notaire à Piolenc, au profit de Joachim de Biliotti. Il fit son testament le 29 décembre 1709, écrivant Jean Floret, notaire à Carpentras. Il eut de son mariage trois fils, et deux filles qui n'ont pas mariées.
- Joseph, qui suit ;
- Joachim, capitaine au régiment de Feugeret, par commission du 7 mars 1702, mort à Nieuport, le 8 septembre 1706 ;
- Joachim-Blaise, capitaine au régiment de Talaru, par commission du 28 juillet 1734 ; chevalier de Saint-Louis, mort en 1747, au camp de la Trinité, dans le comté de Nice.
- Joseph DE BILIOTTI, fils de Joachim III, épousa Charlotte de Planet, le 12 octobre 1723 ; écrivant Michalis, notaire à Carpentras, et André, notaire à Aubignan. Contrats passés par Joseph de Biliotti : le 10 novembre 1719, Barjavel, notaire à Carpentras ; le 13 février 1739, Benet, notaire à Orange. Joseph de Biliotti n'a eu qu'un fils et deux filles.
- Joseph-Joachim, qui suit ;
- Marie-Thérèse-Elisabeth, religieuse ;
- Charlotte Alexandrine, mariée à Joseph de Mornas, dont Nicolas et Marcelin de Mornas, qui n'eut point d'enfants.
- Joseph-Joachim DE BILIOTTI, fils de Joseph, capitaine au régiment de Talaru, par commission du 8 novembre 1746 chevalier de S.-Louis le 23 juillet 1756 ; s'est marié le 16 février 1751, écrivant Pierre Blaze, notaire à Cavaillon, à noble demoiselle Esperitte Vécanne de Braud, de Cavaillon. Il a acheté, le 1er octobre 1763, Rogier, notaire à Avignon, les terres et seigneuries de Beauregard et de Galégabie, dans la principauté d'Orange ; et a prêté foi et hommage en la manière des nobles, à la chambre des comptes de Grenoble, pour lesdits seigneuries et fiefs, le 7 août 1764, comme il conste par les divers arrêts rendus à cette époque par la cour, laquelle a ordonna l'enregistrement textuel de tous les titres qui établissent la filiation dudit Joseph-Joachim de Biliotti, et sa descendance directe et authentique de noble Zénobi de Biliotti, fils de Sandro, fils de Jean, gonfalonier de justice à Florence, et père de Jean de Biliotti, qui est venu s'établir à Avignon. Joseph-Joachim de Biliotti, dans les nombreux contrats qu'il a passas depuis l'acquisition du château de Beauregard, a toujours pris le titre de haut et puissant seigneur, marquis de Biliotti, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, etc. etc. M. de Biliotti, par une ordonnance de S. M., le roi tant en son conseil, a été maintenu, le 9 mai 1773, dans la possession exclusive d'un droit de bac sur toute la rivière d'Ouvèze, comme dépendance du fief de Beauregard. Victime de l'orage révolutionnaire et des malheurs inouïs qui ont pesé sur la France dans ces temps de calamité générale, où la naissance, la fortune, la considération publique et la pratique des vertus étaient des chefs d'accusation, M. Joseph-Joachim de Biliotti a péri sur l'échafaud le 29 juillet 1794 (17 thermidor an 2), âgé de près de soixante-dix ans. Il fut la dernière victime du tribunal révolutionnaire d'Orange, et sembla prédire la fin des assassinats ordonnés par ce tribunal. On se souvient encore à Orange du calme et de la résignation de M. de Biliotti. Il pardonnait à ses bourreaux, il priait Dieu pour eux ; il consolait ses compagnons d'infortune, comme lui innocents, et comme lui jugés et condamnés à la mort. On l'a entendu dire à son fils, à ses amis, qui étaient avec lui dans la prison, et avant de les quitter pour toujours : « Si je ne vous ai pas appris à bien vivre, je veux au moins vous apprendre à bien mourir. » M. de Biliotti fut généralement regretté, et laissa dans toute sa province une réputation bien honorable pour ses enfants. Le jugement de la commission populaire porte : « Accusation de délits de conspiration tendant à détruire la souveraineté du peuple et la liberté, et, depuis l'établissement de la république, rompre son unité et son indivisibilité, contre Joseph-Joachim Biliotti, ci-devant noble et marquis. Je traduis devant vous (a dit le juge) le nommé Joseph Joachim Biliotti, ex-noble, ci-devant maire de sa commune : je l'accuse depuis le commencement de la révolution de s'en être montré l'ennemi le plus acharné ; il a tout tenté pour détruire la liberté ; il s'est dans toutes les circonstances déclaré l'ami, le partisan et le protecteur des aristocrates ; il a vexé les bons citoyens, lorsqu'élevé à la place de maire par la confiance des amis de l'ancien régime et de la tyrannie, il remit des armes aux esclaves, et fit jeter dans des cachots les plus chauds patriotes : partisan prononcé de l'ancienne noblesse et de ses privilèges, il a voulu opérer la contre-révolution, par tous ces faits tenté d'allumer la guerre civile, perpétuer l'anarchie ; il a conspiré contre la république et son unité, etc., etc. La commission, considérant qu'il a existé une conspiration pour détruire la république, etc., etc., condamne Joseph-Joachim Biliotti à la peine de mort, et déclare ses biens acquis et confisqués au profit de la république »
Joseph-Joachim, marquis de Biliotti, a eu plusieurs enfants ; quatre garçons et une fille lui ont survécu :- Joseph-Joachim-Bazile-Régis de Biliotti, né le 15 juin 1754, qui suit ;
- Ambroise-Joachim, chevalier de Biliotti, élève de l'école royale et militaire de Paris, ancien capitaine au régiment de Beauce, marié à Valréas avec mademoiselle de Grély, sans postérité ;
- Michel-Wenceslas, ancien officier de marine, chevalier de Saint-Louis ;
- Alexandre-Stanislas de Biliotti-Volpi, ancien officier au régiment de Conti ;
- Marie-Thérèse, inscrite sur la liste des élèves de Saint-Cyr en 1758. Angélique et Victoire, mortes avant leur majorité, ont été reçues et élevées dans la maison noble de l'Enfant-Jésus, à Paris. Alexandre et Michel, qui étaient encore au service au moment de la révolution, l'ont quitté pour suivre les princes français sur une terre étrangère.
- Joseph-Joachim-Bazile-Régis, marquis de BILIOTTI, fils de Joseph-Joachim, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Lazare, a été élevé l'école royale militaire de Paris, où il a été reçu en 1764 ; les preuves pour son admission sont déposées à la bibliothèque royale, au neuvième volume, page 27. Il a servi dans le régiment de Conti, infanterie. Il a épousé, le 10 novembre 1777, écrivant Simon, notaire à Sarrians, Rose-Marguerite, fille de Dominique de Pêtre de la Costière, et de noble dame Marguerite-Lucrèce de Léautaud-Artaud-Montauban de Bellegarde. Il a prêté de nouveau foi et hommage pour la terre de Beauregard en 1784, à la cour des comptes du Dauphiné. M. le marquis de Biliotti a assisté en 1789 aux assemblées des Etats de la principauté d'Orange pour l'ordre de la noblesse ; il est aujourd'hui maire de la commune de Jonquières, sur le territoire de laquelle est situé le château de Beauregard ; il est membre du conseil général et du collège électoral du département de Vaucluse. M. le marquis de Biliotti a eu de son mariage trois enfants :
- Victor de Biliotti, qui suit ;
- Pauline, mariée à M. le comte de Correggio ;
- Amélie, mariée à M de l'Espinasse.
- François-Victor-Julien-Joachim de BILIOTTI, fils de Joseph-Joachim-Basile Régis, est né à Sarrians le 16 janvier 1780, nommé auditeur au conseil d'Etat par décret du 5 juillet 1811 ; il a été envoyé en cette qualité à la grande armée, l'a suivie à Moscou et dans toute la retraite de 1812 ; il a été nommé intendant de la ville de Liegnitz en Silésie en 1813. Marié, par contrat du 28 novembre 1811, Lemaître, notaire à Paris, à mademoiselle Maury, dont une fille : Sifreinie-Victorine-Rose-Françoise de Biliotti, née à Paris (neuvième arrondissement), le 24 septembre 1812.
Outre les ouvrages déjà cités dans le cours de cet article, on peut consulter, pour avoir de nouveaux renseignements ou la confirmation de ceux qui ont donnés ; les Histoires de Florence de Dante ; Jean-Villanni ; les archives publiques de la réformation de Florence ; l'Histoire de Florence de Léonard Bruni, dit l'Arretin ; Dictionnaire des Gaules et de la France, par Expilly, articles Avignon ; Piolenc et Regard (Beauregard) ; Dictionnaire héraldique de la Chesnaye-des-Bois ; Calendrier de la noblesse ; Essai sur la Noblesse du Comtat, in-.4° ; Description des curiosités de l'église Notre-Dame de Paris ; Dictionnaire de Morri ; la Biographie universelle, etc., etc., etc.
Source : Nobiliaire Universel de France, Tome I, page 474
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/document?O=N036861
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