Source :
BnF/Gallica : Inventaire général des papiers renfermés dans les archives du château de Grimaud.
http://gallica.bnf.fr/document?O=N209782
Décoration de ce fief, sa suzeraineté sur les terres du golfe ; noms des Rois, princes et seigneurs qui l'ont possédée depuis la première inféodation en 980 jusques aujourd'hui 1781, appuyée sur l'histoire de Provence et sur les titres authentiques renfermés dans les archives du château de Grimaud.
Les Maures d'Afrique plus connus sous le nom de Sarazins firent une incursion en Provence et s'y établirent vers l'année 850. Ils s'emparèrent du golfe de Sambratie, Sinus Sambracitanus, aujourd'hui nommé golfe de Grimaud; ils s'avancèrent dans les terres et se fortifièrent sur une montagne escarpée appelée Freinet ou Fraxinet : c'est de cette retraite sure et forte que ces barbares ravagèrent toute la Provence, qu'ils la dévastèrent par le fer et par le feu. Leur séjour de plus d'un siècle les avoit extrêmement multipliés; leur audace s'accrut avec, leur puissance; ils courraient depuis le Fraxinet jusqu'à l'extrémité de la Provence et tout pliait devant eux, lorsqu'un seigneur de Castellane, indigné de leurs brigandages, entreprit de les combattre. Ils avoient incendié la ville de ce nom qui est située dans nos hautes montagnes, il les battit plusieurs fois et les en chassa ; ils furent poursuivis par Gibelin de Grimaldy, des princes de Monaco, qui leur livra plusieurs combats et les força ensuite dans leur forteresse du Fraxinet qu'il détruisit, après les avoir tous exterminés.
Guillaume Ier, comte de Provence (980), pour récompenser la générosité de ce jeune seigneur et sa grande valeur, lui inféoda non seulement le fort Fraxinet, mais encore toutes les terres et territoire du golfe Sambracitain que la gratitude des peuples a depuis lors appelé golfe de Grimaud, du nom de leur libérateur.
Gibelin de Grimaldy venant prendre possession de son domaine y choisit le lieu nommé Sambracia ou Gambracia pour en faire le chef lieu de son golfe, y fit bâtir un château servant de forteresse et l'appela de son nom Grimaud qu'il porte encore.
La famille de Grimaldy a été seigneur de Grimaud et de sa vallée depuis l'inféodation de cette terre jusque vers l'an 1240 que François et Reignier de Grimaldy la divisèrent et en aliénèrent la plus grande partie en arrières fiefs. (Hist. de Provence par Bouche, Nostradamus, Gofridy, Louet).
Tous ces arrières fiefs étaient Grimaud, La Garde Freinet, Cogolin, La Molle, Gassin, Ramatuelle, St Tropez, Ste Maxime, anciennement dite Bastida, Les Gareinières, terroir de Cogolin, et puis après Bertaud, terroir de Gassin.
Mais les Grimaldy se réservèrent sur toutes ces terres les droits les plus éminents (droits de la terre), comme la haute juridiction, l'hommage des seigneurs, les régales, les appellations, les droits de prélation et d'investiture.
La terre de Grimaud fut également aliénée quelques années après (1280) par les frères Grimaldy et divisée entre plusieurs seigneurs.
Une petite portion tomba au pouvoir des comtes de Provence mais elle devint bientôt considérable par le transport et rémission qui fut fait à Louis II, comte de Provence, par le pape Clément VII, séant à Avignon, le 4 décembre 1383. De tous les droits de juridiction haute, moyenne, basse, mero, mixto, imperio, herbages, eaux, pêches et tous autres droits quelconques exprimés dans donation.
Il y avoit aussi plusieurs autres seigneurs portionnaires du grand fief ; outre le prieur de Grimaud, il y avoit Guillaume de Pontevès, seigneur de Vidauban, La Garde, Cogolin, etc., un Jacques de Camarat et l'abbé du Thoronnet, ainsi qu'on le voit par des actes des années 1360 et 1377, par lesquels il s'agissait de faire la répartition de ce que chacun des coseigneurs devait contribuer pour les réparations de la forteresse de Grimaud et pour y faire creuser une citerne.
Le 8 octobre 1389, la reine Marie de Blois donna et inféoda Christophle Adurne, fils de Antoine, prince ou duc de Gênes, tous les droits qu'elle ou la Cour royale avoit au lieu de Grimaud, baronnie et bailliage de Valfreinet, donation que Louis II confirma au mois de décembre 1396.
Antoine Adurne était déjà avant cette inféodation coseigneur et partenaire du grand fief, depuis le 19 septembre 1380, par l'échange qu'il avait fait avec Fouquet de Pontevez de la terre et château de Flassans, il acquit également la portion du domaine et seigneurie de Grimaud, de Giraud de Villeneuve, un des coseigneurs par acte du 4 octobre 1390.
Au mois d'août 1406, la terre et Baronnie de Grimaud fut confisquée sur Thoronéas et Charles Adurnes convaincus d'excès et félonie, soit dans le lieu de Grimaud que dans ceux de la baronnie et surtout à Cogolin où ils tuèrent Romey Matois, notaire, et encore pour n'avoir pas voulu recevoir dans leur (sic) de Grimaud le prince de Tarente, frère du roi, et d'avoir souffert que leurs officiers commissent des concussions dans les dépendances de la Baronnie.
Par cette confiscation la terre de Grimaud et la baronnie de Valfreinet fut totalement réunie au domaine royal.
Le 1er octobre 1406, Louis II, comte de Provence, donna et inféoda à Pierre d'Assigné, son grand sénéchal, la terre et baronnie de Grimaud, bailliage et vallée de Freinet qu'il décora des droits les plus éminents, comme du droit de ressort, premières appellations, droits de port, plages, rivages, cours et décours des eaux, naufrages, régales dans toute la baronnie, hommages et généralement tous les autres droits plus amplement expliqués dans les lettres de l'inféodation, comme on peut le voir dans les titres originaux renfermés dans le sac n° 10.
Pierre d'Assigné étant mort sans enfants, Hélène d'Auguieu, sa veuve, craignant d'en être évincée, vendit le 7 mai 1427 la terre de Grimaud et vallée de Freinet à la reine Iolande avec tous et un chacun les droits qui avoient été donnés et inféodés à Pierre d'Assigné, son mari.
La terre et baronnie de Grimaud fut dès lors unie au domaine royal et comtat de Provence jusqu'au 21 avril 1441 que le roi René la donna et inféoda à Jean Cossa, comte de Troye, son chambellan, grand sénéchal et lieutenant général en Provence. Le 20 septembre suivant, le même roi René confirma cette inféodation. Le 1er décembre de la même année, le roi René non seulement confirma audit Cossa la susdite donation et inféodation, mais il désigna et innumera encore tous les droits et prééminences dont il voulait que cette terre fut décorée, pour le dit Cossa et ses successeurs en jouir. L'on y voit le droit de part, plages, naufrages, droit de ressort, juridiction, premières appellations, pêches, cours et décours des eaux et régales dans toute la baronnie et vallée, le roi ne se réservant sur ladite baronnie et vallée que la supériorité et l'hommage dudit Cossa.
Gaspard Cossa vendit la baronnie à Jean de Berre, mais Charles ou Etienne de Vesc ayant obtenu le droit de prélation de Charles VIII, roi de France, premier comte de Provence, sur ladite terre, il déposséda ledit de Berre de cette acquisition et obtint du même roi Charles VIII des lettres patentes du mois de janvier 1491, portant confirmation en faveur d'Etienne de Vesc, alors baron de Grimaud, de la donation et inféodation de la terre de Grimaud, baronnie et val Freinet, faite parle roi René à Jean Cossa de tous les droits et privilèges y énoncés.
Au mois de février 1500, obtint du roi Louis XII la même ratification et confirmation.
Jean de Vesc possédait la baronnie de Grimaud en 1537, ainsi qu'il conste par l'hommage par lui prêté à la Chambre des Comptes.
On a trouvé dans un hommage et dénombrement donné à la Chambre des Comptes par François d'Agoult et Jeanne de Vesc, sa femme, le 3 janvier 1555, que ladite terre était sortie de la maison de Vesc et que c'était un d'Agoult qui la possédait.
L'on voit par l'acte d'hommage rendu à Marie de la Beaume, dame de Montrevel, par le Seigneur de Cogolin, du 30 septembre 1636, que la terre et baronnie de Grimaud avait passée dans la maison de la Beaume de Montrevel d'Agoult.
Par acte du 10 juillet 1645, notaires Moufles et Mauchous au Châtelet de Paris, François de Castellane, seigneur et baron de St-Jeurs, Gassin, etc., gouverneur pour le roi de la tour de Cavallaire, acquit la terre et baronnie de Grimaud et Val Freinet de dame Marie de la Beaume de Montrevel d'Agoult, veuve de M?° Esprit d'Allard, vivant marquis de Grimaud.
Depuis que la maison de Castellane possède cette terre, elle a eu de grands procès avec les seigneurs feudataires de la baronnie pour se conserver dans l'intégrité des droits éminents dont elle est décorée, et c'est avec beaucoup de regret que l'on voit que quelques-uns de ces beaux droits et privilèges se sont perdus ou altérés par la négligence des seigneurs qui ont possédé cette belle terre, et l'on exhorte les seigneurs de Castellane qui posséderont à l'avenir le marquisat de Grimaud, d'exiger avec exactitude les hommages qui leur sont dus par les seigneurs des terres de la baronnie, et leur faire donner les aveux et dénombrements desdites terres. C'est le seul et vrai moyen d'éviter tout procès à l'avenir.
4 commentaires:
Bonjour Monsieur
Pouvez-vous m'éclairer sur Pierre d'Acigné(Assigné) grand sénéchal de Provence époux vers 1390 95 d'Hélène d'Enghien fille de Louis et de Giovanna de Sanseverino. Dans plusieurs généalogies ils possèderaient une descendance .Or trois généalogistes la nient ,sur quoi est-ce fondé? Il est vrai que le partage, de son père Jean d'Acigné fait en 1398, époux de jeanne de la Lande ,déclare ramener les donations qu'il lui octroie après sa mort et celle de sa femme Hélène.
Le dit couple de Pierre d'Acigné me semble impossible à avoir résidé dans un lieu fixe donc impossible de retrouver les naissances qu'ils pouvaient avoir.
Pour ma part je posséde le couple :Emmanuel IV de Vintimille x2.4.1438 P.de Briançon à Urbane d'Acigné que penser de cette épouse merci.huguette.rostagni@wanadoo.fr
Pierre d'Acigné et Hélène d'Enghien, n'ont effectivement pas eu de descendance. Beaucoup d'inepties circulent sur ce sujet, basées sur un scénario abracadabrantesque élaboré à la fin du 18e, revu au 19e et paru dans quelques pseudo-nobiliaires.
Si vous descendez d'Emmanuel de VINTIMILLE et puisque vous avez noté la date de son mariage en 1438, rapporté par l'Abbé D. R. de Briançon, vous aurez également noté que son épouse est Urbane AGNEL dont la filiation est également donnée par cet auteur.
merci.
En effet j'ai relevé dans l'histoire de Sisteron ,un noble Guilhemus d'Agnelis, début XIV e, nomine Delphine deTurriers castrum de Turriers et part Austeyssine(Astoin,)
Dans Histoire de Riez de J.J.M.Féraud pg 132 des dédommagements autour de 1480
pour noble Louis d'Agneli.
J'en avais déduit que cette famille existait bien.
Pourriez-vous me dire pour quelles raisons il existe cette branche d'Acigné de Riez dont l'association de l'histoire d'Acigné laisse un doute sur cette lignée dite de Riez?
J'ignore si vous l'avez découvert ,mais Hélène d'Enghien est enterrée à Valencienne où son épitaphe a été mise à jour. Avec mes plus vifs remerciements.
H.Rostagni
Ôtez vous de la tête cette prétendue branche de la famille d'ACIGNE à Riez. C'est faux et archi-faux.
Au 18e siècle une sombre famille AGNEL de Salernes, souhaitant péter plus haut que son c... a tenté de se créer une généalogie les rattachant aux rois de France. Se rattachant au passage par des homonymes seigneurs de Riez, les reliant eux mêmes à Pierre d'ACIGNE/AGNEL - tout est farfelu dans cette filiation, publiée au 19e dans divers nobiliaires et dénoncée par quelques auteurs sérieux ces dernières décennies, mais les sottises ont la dent dure et ont généralement beaucoup plus de succès sur le net. Il n'y a donc aucun lien entre les ACIGNE et votre lointaine aïeule Urbane AGNEL, fille d'un coseigneur de Riez. Cette famille est parfaitement connue et a été étudiée. J'ai moi même rencontré un descendant lors d'un passage aux archives de Digne en 2014, je n'ai pas conservé ses coordonnées, mais en téléphonant aux archives ils pourront vous renseigner.
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